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PROPOSITIONS DE LA BOURDONNAIS

un but arrêté, peut avoir recours n’étaient pas encore épuisés. La Bourdonnais, dans sa réplique, s’en référait aux instructions du nouveau ministre : « À l’égard de l’extrait que vous m’envoyez, vous pouvez compter que je me conformerai toujours aux ordres du ministre, quand je les aurai reçus ; il ne me croit plus ici, et l’extrait que vous m’envoyez regarde les capitaines des vaisseaux de la Compagnie et, non moi[1]. » Il ajoutait n’avoir reçu qu’une lettre de la Compagnie et priait Dupleix de faire rechercher les autres. Cette dépêche était à peine partie que les lettres égarées arrivèrent. Si elles avaient quelque rapport avec les ordres envoyés à Dupleix, cela est impossible à dire[2]. Mais ce qui est certain, c’est qu’à partir de leur réception le ton des lettres de La Bourdonnais changea complètement. Dans celle du 10, il annonçait à Dupleix qu’il attendrait la communication de ses idées jusqu’au 13, et l’assurait qu’il n’y avait pas de condition qu’il n’acceptât, pourvu qu’elle ne le fît pas manquer à sa parole. Dans la soirée du même jour, il reçut la réponse de Dupleix aux ouvertures faites par Paradis, et aussitôt il transmit à Dupleix, les conditions auxquelles il remettrait Madras aux autorités de Pondichéry, avant son départ.


    adressée à La Bourdonnais, comme Gouverneur des îles de France et de Bourbon, et que lorsqu’elle partit, Orry n’avait pas la moindre idée que La Bourdonnais eût pu, avant de la recevoir, réussir à équiper une flotte pour les Indes. — Il le croyait encore à l’Île de France. Cette lettre est ainsi conçue : « La Compagnie vous expédiera cette année, Monsieur, six de ses vaisseaux, dont cinq doivent partir dans le commencement du mois prochain, et le sixième dans le courant de février. Elle a pris le parti de vous les adresser tous, et de vous laisser le maître d’en disposer suivant les circonstances et les nouvelles que vous aurez reçues des Indes. Votre principale attention, doit être cependant, de faire passer à Pondichéry, en saison convenable, le nombre de vaisseaux qui sera nécessaire, pour y porter sûrement et le plus promptement que faire se pourra, l’argent, les troupes, les munitions de guerre et de bouche, et les autres effets qui sont destinés pour le comptoir. On ne vous gêne pas sur la façon dont vous devez vous y prendre pour réussir dans cette expédition dont vous sentirez vous-même toute l’importance, persuadé que je suis que vous ferez tout pour le mieux. Votre point de vue principal doit être la conservation de la ville de Pondichéry et des autres établissements que la Compagnie possède au delà du cap de Bonne-Espérance et aux Indes. Cet objet doit être préféré à toute entreprise. — Vous devez vous concilier à cet égard avec M. Dupleix et lui faire passer les secours qu’il pourra vous demander, et qui dépendront de vous. 25 novembre 1745. »

    Cette lettre donne de très-grands pouvoirs au Gouverneur des îles de France et de Bourbon, mais elle n’autorise en aucune façon le Gouverneur à s’attribuer l’autorité dans le pays soumis à celui auquel était destinée une partie des secours, et c’est pourtant là l’interprétation forcée que lui donne La Bourdonnais.

  1. La Bourdonnais à Dupleix. Madras, 10 octobre 1746.
  2. Dans une deuxième lettre du 10 octobre à Dupleix, il dit : « Je viens de recevoir les lettres du ministre, elles ne détruisent en rien mes précédents ordres. » Mais il ne donne pas les lettres.