ment les ordres donnés à l’escadre de faire voile pour Achem.
Dans la première lettre[1] que La Bourdonnais adressa au Conseil supérieur après sa jonction avec l’escadre que commandait Dordelin, il avait promis qu’il n’interviendrait pas dans le commandement des vaisseaux de la Compagnie. Son nouveau plan étant rejeté, il s’occupa de tenir cette promesse. Il avait à sa disposition quatre vaisseaux en bon état[2] et trois autres avariés et désemparés[3]. Il se proposait d’en former deux escadres qui, naviguant de conserve, chercheraient à gagner Achem. Si elles y arrivaient, il enverrait de là le Lys et le Sumatra aux îles. L’Achille après avoir été radoubé partirait à la fin de décembre pour Paliacate afin d’y appuyer les ordres du Conseil supérieur. Mais s’il ne réussissait pas à atteindre Achem avec les deux escadres, la première, sous les ordres de M. Dordelin, devait toujours s’y rendre, pour s’y tenir aux ordres de Pondichéry, tandis qu’il conduirait aux îles les vaisseaux endommagés.
C’est ainsi qu’il agit : le 29 octobre après une station de deux jours seulement, dans les eaux de Pondichéry, et sans avoir voulu descendre à terre, il partit pour Achem avec ses sept vaisseaux. Ses prévisions se réalisèrent : les vaisseaux endommagés eurent bientôt perdu les autres de vue. Ces derniers arrivèrent devant Achem le 6 décembre. La Bourdonnais désespérant de gagner ce port avec des vaisseaux en aussi mauvais état, abandonna cette route et mit le cap sur Port-Louis. Il y arriva dans d’assez tristes conditions le 16 décembre.
Ce fut ainsi qu’après une campagne de quatre mois, La Bourdonnais quitta ces latitudes dont la possession avait été le rêve des meilleures années de sa vie. Et dans ces quatre mois combien d’événements s’étaient accumulés ! Arrivant dans l’Inde avec une flotte qu’il avait créée lui-même pour cette expédition, des équipages qu’il avait formés, des soldats qu’il avait disciplinés, il rencontra et battit tout d’abord une flotte anglaise inférieure, il est
- ↑ À Messieurs du Conseil de Pondichéry, 26 octobre 1710.
- ↑ Le Centaure, le Brillunt, le Mars et le Saint-Louis.
- ↑ L’Achille, le Lys et le Sumatra. Le Sumatra était venu des îles en mauvais état. Les autres bâtiments : Le Bourbon, le Neptune, la Renommée et la Princesse-Marie avaient trop souffert pour pouvoir faire la traversée.
