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CHAPITRE V


PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE



Nous avons raconté comment Dupleix s’y était pris pour obtenir l’assentiment du nabab aux projets qu’il avait sur Madras. N’ayant qu’un seul but, celui d’en chasser les Anglais, il avait, dans une conjoncture qui, sans cela, pouvait devenir funeste, pris le parti de sacrifier la portion la moins importante, et renonçant à un accroissement de territoire pour sa nation, il s’était engagea remettre au nabab les conquêtes qu’il pourrait accomplir. Nous avons donné nos raisons de croire à la sincérité de Dupleix. Dans la lettre qu’il écrivit à ce sujet à La Bourdonnais et qui n’était pas destinée à être vue par d’autres, il avait exprimé son intention de remettre la ville au nabab, après en avoir détruit les fortifications, et avait fait valoir cette raison pour n’accéder à aucune convention relative à une rançon. Nous avons vu comment l’obstination de La Bourdonnais avait longtemps retardé l’exécution des engagements pris par Dupleix ; comment, depuis le 21 septembre, jour de la capitulation, jusqu’au 23 octobre, jour de son départ, La Bourdonnais avait retenu Madras entre ses mains ; et comment, pendant cette période, toute l’attention de Dupleix avait dû se concentrer sur les moyens de se faire remettre la ville qu’on semblait n’avoir prise que pour l’en éloigner. Nous avons vu que ces délais avaient eu pour funeste résultat la destruction de la flotte sur laquelle il avait compté non-seulement pour se défendre, mais aussi pour porter de nouveaux