Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

tendaient donc nullement à ce qu’une seconde décharge eût lieu aussi promptement, et au lieu de s’avancer pour refouler les Français, ils demeurèrent comme paralysés par un mélange de doute, de surprise et de crainte. Mais quand une troisième et une quatrième décharge se succédèrent, ils n’hésitèrent plus, prirent la fuite, et dans la terreur que leur causait ce nouveau mode de guerre, abandonnèrent au vainqueur leurs tentes et leurs bagages. Cette canonnade leur coûta soixante-dix hommes, et les Français n’eurent pas un seul homme blessé.

L’activité de Dupleix ne s’était pas ralentie dans Pondichéry. Les rapports qu’il recevait de Madras l’ayant convaincu de la réalité et de la gravité de l’attaque sur cette ville, il jugea que ce serait une faute en politique que de persister à garder une attitude purement défensive, et il arrêta d’opérer une diversion en menaçant le camp ennemi du côté de Pondichéry, ce qui forcerait à lever le siège. Il confia à Paradis, le plus capable de ses officiers, le commandement du corps de deux cent trente Européens et de sept cent Cipayes, qui était chargé d’exécuter cette manœuvre.

Maphuz Khan reçut avis de la marche de ce petit détachement aussitôt après la défaite de sa cavalerie par la garnison de Madras, et prit immédiatement une décision digne d’un grand capitaine. C’était de marcher à sa rencontre avec le gros de ses troupes, pour l’intercepter et le détruire avant qu’il eût pu entrer en communication avec Madras. Dans ce but, Maphuz Khan se dirigea vers Saint-Thomé et prit position sur la rive Nord de l’Adyar, petite rivière qui coule vers le Sud pour se jeter dans la mer, et que Paradis devait nécessairement traverser pour communiquer avec Madras.

Le 4 novembre au matin. Paradis parut en vue de l’armée du nabab, forte d’environ dix mille hommes, postée sur le bord de la rivière et protégée par des canons. Il n’avait pas d’artillerie ; mais son caractèrii ferme et résolu, prompt à prendre les décisions savait les mettre à exécution sans perle de temps. Le spectacle qui s’ofirait à lui ne l’intimida pas. Il avait reçu l’ordre d’ouvrir des communications avec Madras ; pour l’exécuter il ne fallait ni s’arrêter ni reculer ; il résolut donc de se frayer un passage au travers