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PROJETS DE DUPLEIX SUR CUDDALORE

Les envoyés de Dupleix trouvèrent ic nabab fatigué de ces hostilités sans résultat, et assez disposé à entrer en arrangement avec les Français, quoiqu’il réclamât encore l’exécution de la convention antérieure. Pour le pousser à prendre une plus prompte décision et en diminuer en même temps l’importance, Dupleix résolut de surprendre Cuddalore, et à cet effet, dans la nuit du 10 décembre, il embarqua cinq cents hommes à Ariancopan. La nuit était obscure, mais belle ; Cuddalore n’était pas fortifié du côté de la mer, et tout faisait espérer le succès, lorsqu’un coup de vent força les embarcations à regagner le rivage qu’elles venaient de quitter.

Dix jours plus tard, l’escadre de Dordelin arrivait, et Dupleix semblait désormais en état d’attaquer simultanément par terre et par mer l’établissement anglais, qui ne pouvait manquer de succomber. Il est impossible de dire pourquoi il ne fit pas cette tentative dont il devait cependant apprécier toute l’importance. Il est probable qu’il fut entravé par l’impuissance des chefs de terre et de mer : Dordelin était faible et sans initiative ; de Bury usé et incapable.

Mais, quoique l’escadre ne fût pas aussi utilement employée qu’elle aurait pu l’être avec d’autres chefs, toutefois sa présence sur la côte ne fut pas absolument sans effet. Le nabab, impressionné par cette augmentation de forces, et apprenant que les environs l’Arcate avaient été ravagés par les troupes françaises, arriva à cette conclusion : qu’il s’était engagé dans une lutte où il ne recueillerait que des pertes et du déshonneur ; que les Anglais étaient abandonnés même par leurs compatriotes, et que toutes les considérations de la politique se réunissaient pour l’engager à accepter les offres du gouvernement français. Il cessa de demander la réalisation du traité de Madras, et en signa un autre. Les Français étaient confirmés dans la possession de tous les territoires qu’ils occupaient, et le nabab s’engageait à abandonner les Anglais à leur sort. Ce traité fut ratifié par Maphuz Khan lui-même dans la visite qu’il fit à Dupleix, à Pondichéry, à la fin du mois de février suivant.

Les Anglais allaient donc tomber au pouvoir de Dupleix. Abandonnés de tous, réduits à deux cents hommes, occupant une posi-