Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
PARADIS INVESTI DU COMMANDEMENT

hélas ! à éprouver que de semblables occasions doivent être saisies au vol ; car, une fois manquées, elles ne se représentent plus.

Et pourtant il se préoccupait toujours de chasser les Anglais du fort Saint-David. Les arrangements avec le Mogol étaient à peine terminés et ses troupes retirées, qu’il convoqua un conseil de guerre auquel il exposa la situation dans laquelle il se trouvait ; qu’il s’attendait chaque jour à l’apparition de la flotte anglaise et qu’il était urgent de tenter encore une fois de prendre le fort Saint-David. Il insistait sur le talent de Paradis pour le commandement ; et représentant aux officiers réunis la nécessité d’étouffer toutes considérations d’intérêt personnel en présence d’une crise, il lit appel à leur abnégation et à leur active coopération dans un but aussi important que celui dont il s’agissait. Cet appel au patriotisme trouva un écho dans le cœur des officiers français, qui consentirent à reconnaître Paradis pour leur chef, et à lui obéir comme tel.

Mais, pendant ces préliminaires, la garnison du fort avait été secourue. Un navire anglais, abusé par les couleurs de sa nation flottant sur le fort Saint-David s’était avancé, sans méfiance, à la fin de novembre, dans les eaux de Madras, mais ayant été aussitôt attaqué, il avait réussi à s’éloigner et à gagner Trinquemale. Ce fut là que le capitaine apprit le véritable état des affaires sur la côte de Coromandel, et présumant qu’il pourrait rendre service à ses compatriotes, il mit bravement le cap sur Saint-David. Malgré les quatre vaisseaux que commandait l’indolent Dordelin, l’officier anglais réussit à débarquer un renfort de vingt hommes et soixante mille livres sterling en argent. Ce secours arrivait d’autant plus à propos que, peu de temps auparavant, un autre navire anglais, chargé de soldats et d’argent, ayant touché au fort, et son capitaine ayant jugé que la garnison était dans une situation désespérée, avait refusé de débarquer soit des soldats, soit de l’argent, et avait en toute hâte fait voile pour le Bengale.

Ces renforts inattendus étaient arrivés le 2 mars. Le 13, Paradis mit ses troupes en mouvement et, côtoyant la mer, prit le même jour position à une petite distance de la rive Nord de la rivière. Le