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LE FORT SAINT-DAVID EST SAUVÉ.

cru qu’il serait toujours le favori de la fortune ; mais la capricieuse déesse lui prouva qu’elle ne continue pas longtemps à aider ceux qui ne s’aident pas ; en donnant son appui au guerrier habile et intrépide, elle lui laisse cependant l’exercice de son libre arbitre, et s’il montre de l’indolence, de l’indécision ou de l’aveuglement, elle l’abandonne avec justice aux conséquences de ses propres actes.

Le 14 mars, Paradis était dans la position où, si Dupleix l’avait voulu, il aurait pu être dès le commencement de février, et à cette époque il n’aurait eu affaire qu’à la garnison seule ; mais le 14 mars au matin, lorsqu’il observa la mer avant de se mettre en marche, il y découvrit plusieurs bâtiments, évidemment des vaisseaux venant du Nord. Il savait que Dordelin était en route pour Goa, et que les Français n’avaient qu’un seul bâtiment dans le voisinage de Madras ; quels étaient donc ces vaisseaux, sinon l’escadre renforcée de Peyton ? Son incertitude, si toutefois il en eut, ne fut pas de longue durée. Le pavillon hissé à bord lui apprit bientôt que la quatrième expédition contre le fort Saint-David aurait le même sort que ses devancières.

C’était bien réellement l’escadre depuis si longtemps redoutée, renforcée de deux vaisseaux, l’un de soixante canons, l’autre de quarante, et ce, qui n’était pas moins important, sous la direction d’un nouvel officier. Ce nouveau commandant, l’amiral Griffin, apprenant à Calcutta le danger qui menaçait le fort Saint-David, avait, sans le moindre délai, volé à son secours, et était arrivé juste à temps pour le soustraire, avec sa garnison, à une perte certaine. Il amenait avec lui un renfort permanent de cent Européens, venant du Bengale, et les marins de ses équipages pouvaient fournir un secours passager beaucoup plus important.

Dans de telles circonstances. Paradis n’avait qu’un parti à prendre. L’arrivée de la flotte mettait en péril la sécurité de Pondichéry ; sa petite armée constituait la principale force de cette ville pour la défense comme pour l’attaque ; le commandant n’avait donc qu’une marche à suivre : y retourner. Il prit aussitôt sa détermination, et les Anglais étaient encore tout entiers à la joie que leur causait l’arrivée inespérée de leurs navires, que déjà Paradis