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PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

avait repassé le Pounar et parcouru une partie de la route qui le séparait d’Ariancopan. Il y arriva le même soir. Quand peu de jours après, la flotte de Griffin fit son apparition devant Pondichéry, il y fut rappelé par Dupleix.

C’était maintenant au tour de Dupleix d’être séparé de la mer et d’être livré à ses propres ressources. Non-seulement une puissante flotte anglaise stationnait dans les eaux de Pondichéry, mais des vaisseaux de Bombay, de Tillichéry et autres ports, apportaient sans cesse des renforts de toute nature à la garnison de Saint-David. Au lieu de trois cents Européens et indigènes qui la composaient au mois de janvier, elle comptait maintenant, en juillet, deux mille hommes, dont plus de six cents Européens empruntés à la flotte. Le nabab, Dupleix le savait bien, pencherait toujours pour le plus fort. Madras n’avait qu’une faible garnison, et le moindre mouvement du nabab suffirait pour couper sa seule voie de communication, celle de terre, avec Pondichéry. Cette ville elle-même courait risque d’être bombardée ou bloquée par l’escadre anglaise. Cependant Dupleix semblait être né pour briller au sein de l’adversité ; ses grandes qualités ne jetèrent jamais un plus grand éclat que lorsqu’il était entouré de dangers. Quoique privé de communications avec la mer, il trouva cependant le moyen d’envoyer à Dordelin l’ordre de partir pour les îles, aussitôt la mousson finie, afin de réunir à son escadre tous les navires français qu’il pourrait y trouver, et représenter au Gouverneur quel besoin urgent il avait d’un secours prompt et efficace. Pendant ce temps-là, il se préparait non-seulement à se défendre, mais encore à reprendre l’offensive, le cas échéant.

La possession des îles de France et de Bourbon, à moitié route entre la mère-patrie et l’Inde, donnait, dans cette première période de la lutte, un grand avantage aux Français sur leurs compétiteurs. Ces îles servaient de centre aux entreprises, soit militaires, soit maritimes, qu’ils formaient dans l’Inde. Elles étaient regardées comme à l’abri de toute attaque et une escadre française pouvait y stationner en sûreté, s’y réparer, s’y approvisionner, et calculer aver certitude les chances de rencontrer ou d’éviter une flotte ennemie. Les navires isolés pouvaient y être retenus, comme au