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SECOURS DEMANDÉS AUX ÎLES

temps de La Bourdonnais, jusqu’à ce qu’il y en eût un nombre suffisant, et enfin, s’il n’y en arrivait pas assez, il était prouvé qu’on trouvait dans les îles, les matériaux nécessaires pour en construire.

Les Anglais ne possédaient aucune station analogue ; ce n’était qu’en cas d’alliance avec la République Hollandaise, comme à l’époque dont nous nous occupons, qu’ils pouvaient tirer parti du cap de Bonne-Espérance et profiter de ses ressources pour augmenter leurs armements. Mais cet avantage incertain et temporaire ne pouvait entrer en balance avec l’utilité permanente qui résultait, pour les habitants de Pondichéry, de la possession d’un solide point d’appui dans l’Océan Indien.

Dordelin avait donc pour mission de demander aux îles les ressources qui y abondaient ; il y arriva en décembre 1747 ; le moment était opportun, car il trouva le Gouverneur, M. Bouvet, tout disposé à bien accueillir sa requête, et possédant ou attendant les moyens d’y accéder. Deux vaisseaux, l’un de cinquante canons, l’autre de quarante, étaient récemment arrivés de France avec des troupes et des fonds à destination de Pondichéry ; ils avaient été envoyés en croisière sur la côte de Malabar et on attendait leur retour d’uit jour à l’autre. Deux autres bâtiments plus petits étaient dans le Port-Louis prêts à appareiller.

Des causes accidentelles difl’érèrent jusqu’au commencement de mai le départ de cette escadre, qui se composait, après le retour des navires croiseurs, de sept grands vaisseaux et de deux petits[1]. M. Bouvet mit alors à la voile, et le vent lui étant favorable, il arriva à Karical au milieu de juin. Il apprit là quelle était la supériorité numérique de l’escadre anglaise[2] et se décida à ne pas risquer un engagement qui pouvait avoir pour conséquence de mettre en péril, peut-être même de ruiner les intérêts français, mais plutôt à manœuvrer de manière à leurrer l’amiral anglais par la perspective d’une lutte probable ; puis à prendre avantage de la nuit pour

  1. Il y en avait un de soixante-quatorze, un de cinquante-six, deux de quarante et un de vingt-six.
  2. Elle comprenait trois vaisseaux de soixante, trois de cinquante, trois de quarante et un de vingt.