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PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

ment contre les Français, dont il lui prédisait la destruction comme certaine. L’amiral accompagna sa requête de présents d’une valeur considérable. Dupleix n’avait que peu de chose à offrir ; mais le respect qu’inspiraient les Français était si grand et on avait si haute opinion des grandes qualités du Gouverneur que, malgré les apparences qui lui étaient si défavorables, le nabab hésita longtemps avant de céder aux iustances de Boscawen. Ce ne fut qu’après la chute d’Ariancopan et quand les Français se furent renfermés dans les murs de Pondichéry, qu’il conclut l’alliance sollicitée et promit de fournir aux Anglais deux mille chevaux. Toutefois, il n’envoya réellement que trois cents hommes, et seulement vers la fin du siège.

Par suite de la mort de Paradis, la direction de la défense retombait, jusque dans ses moindres détails, sur Dupleix. Pour employer ses modestes expressions, « l’étude des mathématiques, et surtout de la fortification que son père lui avait imposée, lui fut alors d’un grand secours ; il fut assez heureux pour se rappeler ce qu’il avait pu savoir en ce genre, de sorte que ses opérations réussirent au delà de ses espérances. » Heureusement pour lui, ses efforts avaient pour auxiliaire l’inexpérience de l’amiral dans l’art militaire, par suite de laquelle il négligea les premiers principes de la conduite d’un siège. Mais cette incapacité n’aurait pas empêché le succès final des Anglais, si Dupleix n’avait su relever le moral de ses troupes, un moment ébranlé par la mort de Paradis ; calme au milieu du danger, il conserva un extérieur serein et confiant qui devint contagieux ; Tattention qu’il donnait à toutes les mesures de défense, l’habileté avec laquelle il fortifiait les points trop faibles et réparait ceux que l’ennemi avait entamés, créèrent autour de lui une telle foi en sa capacité, qu’elle fut bientôt un véritable enthousiasme. Ce fut, en un mot, le Gouverneur civil qui devint l’âme de la défense, l’espoir des défenseurs, et la principale cause du mauvais succès des assiégeants.

Aprèsquarante-deux jours de tranchée ouverte, après un siège poussé avec toute la vigueur possible, tous les efl’orls de ceux-ci devaient échouer devant le talent et la valeur de Dupleix. Des sorties continuelles retardaient l’approche des Anglais et détrui-