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PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

durant cette première lutte dans le Carnate, nous ne pouvons refuser un juste tribut d’admiration à cet homme dont le cerveau conçut tant et de si grandes choses, que ses talents surent mettre à exécution. La capture de Madras, sa conservation aux Français, la détermination d’affronter la lutte avec le Mogol, le glorieux résultat de cette détermination et la défense de Pondichéry, qui couronna tous ces actes, étaient les conceptions de son génie, et la plus grande partie du mérite de leur exécution doit lui être attribuée. Même à une époque si difficile, il trouvait le moyen d’envoyer les secours utiles aux autres établissements dépendant de Pondichéry, véritable tour de force, apprécié avec reconnaissance par ses supérieurs[1]. Si, dans une occasion et sans doute sous l’empire de circonstances que nous ne connaissons pas, il ne tira pas parti de la facilité qui s’offrait à lui pour détruire le dernier établissement des Anglais sur les côtes de Coromandel, on ne peut lui refuser de reconnaitre qu’il racheta amplement ce tort, s’il exista, par l’incroyable habileté et l’énergie qu’il déploya comme Gouverneur civil, comme commandant militaire et comme ingénieur, en dirigeant la défense de Pondichéry contre des forces tellement considérables qu’elles devaient être regardées comme irrésistibles. Nous ne pouvons que nous faire l’écho du langage employé à ce sujet par les Directeurs et déclarer que si tout ce qu’il avait accompli jusque-là avait droit aux remercîments de la France, dont il servait si bien les intérêts.

  1. « Tout ce que vous aviez fait jusque-là devoit à la vérité nous tranquilliser sur le sort de Pondichéry, et vos dernières lettres du 28 août, écrites dans le même temps que les Anglais avaient commencé l’attaque de vos postes avancés, ne nous laissaient rien à désirer, ni sur les précautions que vous aviez prises, ni sur les dispositions courageuses que vous aviez inspirées à la garnison et à tout le monde. Mais nos démonstrations de joie devaient-elles être moindres lorsque le 20 du mois, un courrier, dépêché par M. Durant, notre agent, à Londres, vint annoncer à la Cour ce nouveau triomphe pour les armes de la nation. S’il déjà était bien satisfaisant pour nous que la Compagnie pût dire que la prise de Madras était due aux secours que vous aviez fournis à M. de La Bourdonnais, que c’était votre fermeté, la justesse de vos mesures et le choix des braves officiers que vous aviez employés, qui avaient réduit les Maures à vous demander la paix ; que vous eussiez même enlevé le fort Saint-David aux Anglais sans l’arrivée inopinée de l’amiral Griffin, et qu’enfin, malgré la difficulté des communications pendant touie la guerre, vous aviez trouvé les moyens de pourvoir à la subsistance et à l’entretien des comptoirs de Chandernagor, de Karical et de Mahé ; quels éloges ne méritez-vous donc pas aujourd’hui, lorsque par l’utile et glorieux usage que vous avez fait des secours que vous aviez reçus de M. David, vous venez de repousser les plus puissants efforts de nos ennemis, et conserver à la Compagnie tous ses établissements, « (Lettre de la Compagnie des Indes, 11 avril 1749.