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TRAITÉ D’AIX-LA-CHAPELLE

le succès par lequel il venait de couronner tous les autres, l’élevait sur un piédestal si haut que les applaudissements ordinaires ne pouvaient l’y atteindre.

Nous pouvons nous figurer, nous qui l’avons suivi pas à pas dans toute sa carrière, nous qui avons vu comme il savait s’emparer des moindres circonstances qui pouvaient exalter le pouvoir de la France aux yeux des indigènes, nous pouvons nous figurer combien il sut mettre à profit la retraite de l’armée anglaise pour grandir encore sa propre nation. Il dépêcha des messagers à Arcate, à Hydérabad, à Delhi même, pour apprendre aux potentats indigènes comment la plus forte armée européenne qui eût jamais débarqué dans l’Inde avait été traitée sous les murs de Pondichéry. Les nombreuses lettres de félicitations qu’il reçut en retour, montrent bien clairement à quelle hauteur il s’était placé dans l’estime des indigènes.

Les Anglais étaient considérés comme une puissance inférieure, presque anéantie ; et l’unique résultat de cette attaque silongtemps redoutée fut de revêtir Dupleix d’une influence et d’une autorité telles qu’aucun chef européen n’en posséda jamais une semblable sur le sol indien.

Le siège avait été levé, nous l’avons dit, le 17 octobre. Les Anglais s’étaient retirés fort abattus au fort de Saint-David, où, dans les premiers moments, ils pensèrent plus à leur sûreté qu’à attaquer les possessions françaises. Dupleix, de son côté, faisait activement ses préparatifs pour reprendre l’offensive. Dès le début de l’année suivante, 1749, il reçut un renfort de deux cents hommes et de l’argent de M. Bouvet, qui sut, malgré la présence au fort Saint-David de la flotte anglaise encore nombreuse, atteindre la rade de Madras et débarquer sans eneombre soldats et argent. Ce fut à ce moment où Dupleix combinait de nouvelles entrepries contre les Anglais, qu’arriva d’Europe l’ordre de suspendre les hostilités en attendant le résultat des négociations qui se poursuivaient à Aix-la-Chapelle. Cet ordre fut bientôt suivi de l’annonce de la conclusion du nouveau traité qui prit le nom de cette antique cité.

Un des articles de ce traité portait la restitution réciproque des conquêtes, condition qui entraînait l’abandon par Dupleix de