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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

de sa femme. Dupleix, menacé par les Anglais, ne se souciait guère de voir les difficultés existantes se compliquer d’une invasion mahratte. La perspective de rétablir vice-roi du Décan un prince qui deviendrait ainsi son protégé et de rendre le Carnate à un homme aussi dévoué que Chunda-Sahib aux intérêts de la France, était trop attrayante pour qu’il y résistât. Après avoir médité sur les voies qui pourraient le conduire à ce but, il fut bientôt convaincu qu’il ne lui fallait qu’une politique hardie et décidée pour y arriver. Alors il embrassa ce projet avec toute l’ardeur de son naturel passionné, écrivit à Chunda-Sahib de négocier seulement pour sa liberté, sans demander de troupes ; il s’engagea à garantir à la cour de Pounah le payement de la rançon qui serait convenue et promit à Mozuffer-Jung et à Chunda-Sahib de les aider de toute son influence et de tout le pouvoir dont il disposait comme chef de l’Inde française. Cette dépêche produisit l’effet attendu. Sur la garantie donnée par Dupleix pour une rançon de sept cent mille roupies, la liberté fut rendue à Chunda-Sahib et on lui fournit une garde de trois mille cavaliers pour l’escorter à son retour dans son pays.

L’un des premiers actes de Chunda-Sahib fut de s’engager envers Dupleix à prendre à sa solde environ deux mille indigènes disciplinés à l’européenne et qui faisaient partie de la garnison de Pondichéry. De plus, pour reconnaître un secours de quatre cents Européens, il céda aux Français une petite portion de territoire dans le voisinage immédiat de Pondiehéry. Pendant que les troupes se mettaient en marche pour le rejoindre, il avait réussi, après quelques alternatives de fortune, à gagner la frontière du Carnate et à porter, chemin faisant, sa troupe à six mille hommes. Il fut rejoint par Mozuffer-Jung à la tête de trente mille. Chunda-Sahib, dont la capacité était bien supérieure à celle de son allié, décida qu’on attaquerait Arcate aussitôt que les troupes auxiliaires fournies par les Français seraient arrivées. Une victoire sur ce point le rendrait maître des ressources du Carnate, et le mettrait en communication directe avec les Français. De là, il pourrait agir avec des chances de succès contre Nazir-Jung.

Vers la fin de juillet, Chunda-Sahib s’étant assuré du passage de