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RETRAITE DES FRANÇAIS SUR PONDICHÉRY

bien supérieure en nombre et ils avaient si bien réussi qui tous les raisonnements de leur commandant furent inutiles. Ils ne voulaient pas combattre. Convaincu alors que la retraite était le seul parti à prendre, il convoqua ses deux alliés pour leur exposer les circonstances dans lesquelles il se trouvait : il leur expliqua qu’il était forcé de se retirer, et leur laissa le choix de suivre sa fortune ou de se tirer d’affaire par eux-mêmes. Ici, comme précédemment, leurs différents caractères furent mis au grand jour. L’expérience et la confiance que Chunda-Sahib avait acquises par ses constantes relations avec les Français le portèrent à déclarer sans hésitation qu’il partagerait le sort de ses alliés européens. Mozuffer-Jung, d’une nature plus faible, comptant peu sur lui-même et ne pouvant croire que d’Auteuil n’avait pas quelque autre motif caché, se décida à s’en remettre à la merci de son oncle.

D’après les résolutions prises, le contingent français commença sa retraite à minuit, suivi de Chunda-Sahib, qui insista pour occuper, avec sa cavalerie, le poste d’honneur à l’arrière-garde. Le désordre était si grand, la démoralisation si complète, que nul n’informa les canonniers de la retraite, et que quarante d’entre eux furent oubliés et abandonnés avec les onze canons qu’ils servaient.

Quand le jour parut, la retraite des Français n’avait pas encore été découverte, mais alors Morari-Rao, à la tête de dix mille cavaliers mahrattes s’élança à leur poursuite. Il les rejoignit au moment où ils atteignaient le bois de poiriers épineux qui formait la défense extérieure de Pondichéry. D’Auteuil, informé de son approche, forma sa troupe en un carré, vide au milieu, tandis que Chunda-Sahib se prépara à l’attaquer au moment opportun avec sa cavalerie. Morari était un excellent cavalier, mais fort peu versé dans la tactique européenne ; aussi se trouva-t-il enveloppé dans le carré français. Chunda-Sahib s’était jeté sur ses cavaliers qui, à l’exception d’une quinzaine, se trouvèrent empêchés de suivre leur chef. À ce moment Morari-Rao, seul avec ses quinze hommes au milieu des Français, semblait perdu sans ressources : son intrépidité et la mollesse des Français furent les causes de son salut. Il attaqua l’autre face du carré, et réussit, en perdant neuf des siens, à forcer sa