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ÉNERGIE ET HABILETÉ DE DUPLEIX

Pondichéry les premières nouvelles de la fâcheuse retraite des Français. Dès le matin, ils s’étaient hâtés d’entrer dans la ville et d’y semer l’alarme par le bruit que l’armée était battue et poursuivie par les Mahrattes. En recevant des nouvelles aussi différentes de celles qu’il attendait, le premier soin de Dupleix fut de faire arrêter ces poltrons. Il se hâta ensuite d’aller à l’armée pour tâcher de la purger des officiers désaffectionnés et de ranimer le courage des autres. Pour cela, il ne recula pas devant les mesures énergiques ; il fit arrêter tous les officiers dont la fidélité était douteuse ; d’Auteuil lui-même fut mis en jugement pour s’être retiré sans ordres. Il représenta aux soldats que ce n’était pas l’ennemi qui était cause de leur retraite, mais bien la lâche conduite de leurs propres officiers. La confiance qu’il montrait produisit son effet. Les soldats français, inspirés par sa présence sympathique, reconnurent leur crime, et à l’insubordination succéda un insatiable désir de réparer la faute passée.

Mais, pendant qu’il s’occupait ainsi de rétablir la discipline. Dupleix n’était pas moins actif en ce qui regardait l’ennemi. Il dut, en premier lieu, adopter la voie des négociations, et nous verrons quelle habileté il y apporta. Au lieu de laisser voir par quelque abaissement dans ses prétentions combien la situation de Pondichéry était amoindrie, il ordonna à ses envoyés de formuler des demandes fort peu inférieures à ce qu’elles auraient pu être après une victoire de l’armée française. Ils insistèrent, en son nom, pour qu’aucun membre de la famille d’Anwaroudin ne fût nommé nabab du Carnate, et que les enfants de Mozuffer-Jung fussent rétablis dans les États et les gouvernements de leur père. Ils ne s’en tinrent pas là : pour appuyer les négociations, ils eurent recours à ces ruses que leur avaient enseignées les princes asiatiques, et dans lesquelles ils se montrèrent bientôt supérieurs â leurs maîtres. Ainsi ils exagérèrent les pertes éprouvées par Morari dans la tentative faite par lui pour empêcher les Français de rentrer à Pondichéry. D’un autre côté, ces mêmes agents intriguèrent auprès des chefs de Farmée du Nizam, et particulièrement des nababs de Kuddapah, de Kurnood et de Savanore, et réussirent à établir avoc eux et d’autres encore des relations secrètes.