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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

Nazir-Jung ayant refusé d’agréer les conditions proposées par MM. du Bausset et de Larche, les députés de Dupleix, ceux-ci durent rentrer à Pondichéry au bout de sept jours. L’armée était revenue à un meilleur esprit ; les officiers qui s’étaient déshonorés avaient été sévèrement punis ; d’autres, moins coupables, ne demandaient qu’une occasion favorable de laver la tache dont ils avaient souillé leur honneur. D’Auteuil, après avoir prouvé qu’en de telles circonstances il n’avait pu agir autrement, avait été réintégré dans son commandement. Il était temps de frapper un grand coup et de montrer au prince qui avait refusé leurs propositions que les Français étaient encore des ennemis redoutables. Aussitôt après le retour des envoyés, Dupleix envoya l’ordre à d’Auteuil d’attaquer le camp de Morari-Rao, placé entre Pondichéry et le principal corps d’armée de Nazir-Jung. Dans la nuit du 12 avril, huit jours seulement après la retraite de Valdaour, d’Auteuil détacha trois cents hommes sous les ordres de M. de la Touche, pour aller surprendre l’ennemi. Ils partirent vers minuit, arrivèrent au camp, y pénétrèrent sans être découverts, profitèrent de la surprise et de la frayeur de l’ennemi pour lui tuer douze cents hommes, et au point du jour rentrèrent à Pondichéry n’ayant perdu que trois des leurs. Cette attaque hardie produisit un tel efiet sur Nazir-Jung que, ne pensant plus qu’à sa propre sûreté, il se hâta de lever son camp et de se retirer au plus vite sur Arcate, tandis que les Anglais regagnaient le fort Saint-David.

Ayant ainsi rendu à son drapeau le prestige du succès, Dupleix résolut de ne pas s’arrêter là. Nazir-Jung, arrivé à Arcate, avait projeté de se venger de ses ennemis tout en restant tranquillement renfermé dans sa capitale. Dans ce but, il s’empara par la force des loges et factoreries que les Français avaient établies à Mazulipatam, sur la côte d’Orissa, et à Yanaon, au confluent de la Coringa et du Godavéry.

Mais il ne les garda pas longtemps ; deux vaisseaux, le Henry et le d’Argenson, à destination du Bengale, avaient touché peu de jours auparavant à Pondichéry, pour y décharger une partie de leurs cargaisons ot y reprendre d’autres marchandises. Quand Dupleix apprit la conduite de Nazir-Jung, il lit, sans mettre personne dans