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DE BUSSY REMPLACE D’AUTEUIL

position aussi forte semblait devoir assurer. Ce fut contre cette forteresse, la plus importante de toutes celles du Carnale, que Dupleix ordonna à d’Auteuil d’envoj^er un détachement, et en même temps il désigna de Bussy comme l’officier auquel il préférait que cette opération fût confiée. Nous avons vu que les troupes françaises ayant à deux reprises reculé devant les retranchements créés à Ambour par Anwaroudin, de Bussy, lorsque le commandant d’Auteuil eut été blessé, rallia Tinfanterie débandée et la conduisit à une troisième attaque, cette fois victorieuse. Chose étonnante ! quand on se rappelle qu’il a joué l’un des principaux rôles dans l’histoire de l’Inde française, nous ne savons presque rien des commencements de sa carrière. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il naquit en 1718, à Bucy, près Soissons. Il perdit son père dès ses premières années, et n’eut guère d’autre héritage que sa généalogie[1]. Il partit de France pour l’Inde à l’époque où La Bourdonnais était Gouverneur, et fit partie, en 1746, de l’expédition commandée par cet amiral. Quand celui-ci revint en France, à la fin de cette même année, de Bussy demeura dans l’Inde comme officier dans l’armée de Pondichéry. Il se trouva ainsi en contact continuel avec Dupleix, et, dans leurs fréquents entretiens, s’il fut frappé du brillant génie et des vues larges du Gouverneur général, celui-ci ne le fut pas moins du naturel franc, de la soif d’instruction, surtout en ce qui touchait l’Inde et ses habitants, et des brillantes qualités qui distinguaient ce jeune officier ; de Bussy avait prouvé qu’il possédait en outre un courage, une intrépidité, une présence d’esprit qui, jointes à son instruction militaire, devaient inévitablement le conduire à la fortune ; c’était cet ensemble de qualités et de talents qui avait appelé sur lui le choix de Dupleix, pour commander un détachement lors de cette expédition, la plus brillante de toutes celles que les Français entreprirent dans l’Inde.

De Bussy avait sous ses ordres deux cent cinquante Européens et douze cents Cipayes, avec quatre pièces de campagne. Il quitta le champ de bataille où l’on avait combattu Mahomed-Ali le 3 septembre et aperçut Gingi le 11. De Bussy campa à trois milles

  1. Il se nommait Charles-Joseph Patissier, marquis de Bussy-Castelnau.