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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

en avant de la ville, et reçut l’avis que les restes de l’armée de Mahomed-Ali, s’élevant à dix ou douze mille hommes, plus mille Cipayes disciplinés par les Anglais, et quelques canonniers européens, avec huit pièces de campagne, étaient campés sur les glacis et devaient profiter de leur supériorité numérique pour l’attaquer. En effet, l’ennemi ne tarda pas à s’avancer ; de Bussy, attendant qu’il fût arrivé à portée du pistolet, commanda le feu ; au même moment les quatre canons tirèrent à la fois sur la cavalerie ennemie. Comme d’usage, cette décharge, non-seulement arrêta la marche des Indiens, mais répandit la confusion dans leurs rangs. Ils étaient déjà débandés quand on vit paraître le gros de l’armée que commandait d’Auteuil. Une panique générale se répandit alors dans toutes les troupes ennemies ; de Bussy en profita pour s’emparer de leurs canons et tuer ou faire prisonniers les Européens qui les servaient. Il continua à poursuivre les fugitifs jusque sous les murs de Gingi, où ils se trouvaient protégés par le feu de la ville.

Cet obstacle n’arrêta pas de Bussy ; il les suivit jusqu’à l’une des principales portes, qu’il fit sauter ; puis, l’épée à la main et suivi de ses hommes, il engagea un combat désespéré, corps à corps. Rien ne put résister à la valeur des Français : avant la fin du jour la ville était à eux, et dans la nuit elle fut occupée par les autres troupes que commandait d’Auteuil. Néanmoins leur situation était encore des plus dangereuses. Nous avons dit que Gingi était situé à la base de trois montagnes, au sommet desquelles se trouvaient trois forteresses, qui firent pleuvoir une grêle de projectiles sur les Français dans l’intérieur de la ville : la mitraille, les boulets, les fusées se succédaient. Pendant quelque temps, de Bussy, tenant ses hommes à couvert, répondit par le feu de ses mortiers. Mais, aussitôt que la lune fut couchée, il fit marcher trois détachements d’élite pour escalader simultanément les trois citadelles. Cette opération était difficile : une redoute après une autre s’opposait aux progrès des assaillants, une épouvantable grêle de feu les accablait de tous côtés ; mais il n’y avait pas d’obstacles si grands qui ne pussent être vaincus par de Bussy et ses compagnons. La prise d’assaut d’une forteresse les remplissait d’une nouvelle ardeur pour tenter la conquête d’une autre ; plus ils avançaient, plus ils devenaient