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POSITION ACQUISE PAR DUPLEIX

toute de fidélité et de confiance. L’intimité qui avait régné entre Martin et Shere Khan Lodi s’était perpétuée entre les successeurs du Gouverneur et la famille de Dost-Ali ; ni la mort de ce nabab, ni la captivité de son successeur n’avaient pu y porter atteinte. Pour soutenir cette alliance, Dumas avait osé affronter les menaces de Raghogi-Bhonsla et de ses Mahrattes jusqu’alors invincibles ; Dupleix avait, pendant les cinq années de la captivité de Chunda-Sahib, entretenu ses espérances de remonter sur le trône. Et maintenant que cette politique avait porté ses fruits, Chunda-Sahib, rendu à la liberté par les efforts de Dupleix, avait fait cause commune avec le prétendant à la vice-royauté du Sud ; et après bien des revers, les deux amis, grâce aux généraux et à la valeur des Français, paraissaient toucher au but de leurs plus grandes espérances.

La gloire que Dupleix s’était acquise par le succès qui couronnait son habile politique, atteignit son apogée par l’arrivée de Mozuffer-Jung, avec sa suite, à Pondichéry. Ce souverain de trente-cinq millions de sujets, en faisant son entrée dans le même palanquin que le Gouverneur français, semblait lui rendre ainsi l’hommage et le respect dus à son supérieur féodal. Il lui remit tous les trésors, les joyaux et les ornements d’or et d’argent trouvés dans le camp de son rival défunt, et le pria d’accepter le rôle d’arbitre pour juger les différends qui avaient déjà éclaté entre lui et les nababs patanes ses confédérés. Dupleix fut, en cette occasion, fidèle aux traditions de la politique française dans l’Inde. Un des principes de cette politique était de respecter les coutumes des indigènes, de se conciher leurs opinions et de gouverner par ces moyens, plutôt que par la force, d’être libéral, généreux, et de s’attirer la confiance. Tout en se tenant au second plan, Dupleix était le réel souverain du Décan ; Mozuffer-Jung était le moyen par lequel il profitait de toutes les ressources du pays, ce qui lui donnait une position beaucoup plus forte et plus puissante que s’il avait réclamé pour lui-même une dignité ostensible ou une extension de territoire qui aurait excité la jalousie de ceux-là mêmes qui l’auraient accordée. Son premier soin fut de refuser toute part personnelle dans le partage du butin recueilli après la victoire. En sa