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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

qualité d’arbitre, il décida qu’il serait divisé également entre Mozuffer-Jung d’une part, et ses nababs confédérés de l’autre ; les bijoux seuls appartiendraient sans partage à Mozuffer-Jung. Il laissait à sa reconnaissance et à sa générosité le soin de fixer quelle part de ces dernières valeurs il serait juste d’attribuer aux Français dont le coûcours l’avait rétabli dans toutes ses dignités.

Après avoir ainsi réglé à l’amiable les différends survenus, Dupleix prépara la reconnaissance solennelle de Mozuffer-Jung par ses titulaires et ses vassaux. Cette imposante cérémonie, qui, par sa date, indique l’époque où les Français étaient presque arrivés au faîte du pouvoir, eut lieu dans une magnifique tente élevée sur la grande place de Pondichéry.

Les splendeurs de cette journée, les honneurs conférés à Dupleix, le haut rang qu’il y occupa, ne sont pas effacés des traditions de l’Inde méridionale. Nous pouvons aisément nous faire une idée de la pompe qui y fut déployée. La noblesse du Décan, sous les armes, était rangée sur deux côtés de latente, dont l’intérieur était richement drapé. Mozuffer-Jung fait son entrée, et prend place au fond de la salle. Aussitôt paraît Dupleix qui, le saluant, lui présente l’offrande due à son rang. Mozuffer-Jung s’avance à la rencontre du Gouverneur général, et le conduit au siège qui lui était destiné et qui indiquait un rang égal au sien. On voit alors s’avancer vers eux les nobles, porteurs de présents qui, cependant, n’étaient dus qu’au soubab. Cette formalité accomplie, le soubab se lève, et proclame les distinctions qu’il veut offrir à son allié français. Il le nomme nabab ou gouverneur de tout le pays au Sud du Kistna jusqu’au cap Comorin, y compris Mysore et tout le Carnate. Il lui fait un don personnel et spécial de la forteresse de Valdaour, avec tous les villages et les terres qui en dépendent et d’une rente de cent mille roupies. Il lui confère le titre de munsub, ou commandant de sept mille chevaux, avec permission de porter les insignes de l’ordre du Poisson, une des plus hautes dignités de l’empire du Mogol. Il établit que la monnaie de Pondichéry sera la seule ayant cours dans l’Inde méridionale ; il confirme la souveraineté de la Compagnie française sur les districts de Mazulipatam et de Yanaon, nouvellement acquis, et une extension de territoire du côté de Karical.