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GINGEN ATTAQUE VOLCONDE

dernier résultat. On ne peut savoir s’il eût réussi dans d’autres circonstances, mais ce qui est certain, c’est que le commandant anglais, qui avait aussi tenté les moyens persuasifs, se lassa de la conduite ambiguë du gouverneur, et, après quinze jours de négociations sans fruits, résolut d’obtenir par la force ce qu’il ne pouvait obtenir de bonne volonté. Le 19 juillet, sans avoir informé le gouverneur de ses intentions, le capitaine Gingen s’avança vers la ville avec la plus grande partie de ses troupes, afin de s’en emparer.

Les défenses extérieures et la ville elle-même furent bientôt au pouvoir des assaillants ; mais cette attaque et l’incendie de quelques maisons attirèrent l’attention de la garnison du fort, et les Anglais furent forcés de se retirer avec des pertes considérables. Le gouverneur se décida alors à se jeter dans les bras de Chunda-Sahib et à appeler les Français à son aide. En conséquence, d’Auteuil, sans attendre que le jour parût, pénétra dans le fort, et accabla les Anglais d’un feu si violent que, malgré les efforts des officiers, les soldats abandonnèrent leurs alliés indigènes, et laissèrent sur le champ de bataille six pièces de canon, tous leurs équipages de campagne, des mousquets et beaucoup de munitions. Si les Français les avaient poursuivis avec quelque vigueur, la guerre eût été terminée le jour même. Mais, comme tant d’autres fois déjà, il sembla que la fatalité prit à tâche d’entraver les opérations qui auraient pu être décisives. D’Auteuil, repris de la goutte, et hors d’état de s’occuper d’aucun détail, n’avait pas un seul officier par qui il pût être convenablement remplacé. Au lieu donc de tirer parti de la panique des Anglais et de convertir leur défaite en une déroute complète, les Français et leurs alliés se contentèrent d’entretenir une vive canonnade de la rive Nord de la petite rivière de Vellaur, que les Anglais avaient traversée en se retirant. On a dit que la défection d’un de ses généraux, entraînant avec lui quatre mille cavaliers, avait empêché Chunda-Sahib de s’avancer. Déserter le parti vainqueur pour passer au vaincu n’est pas chose extraordinaire, surtout parmi les nations orientales, et quand même ceci aurait eu lieu, cela ne devait pas influencer la conduite des Français. Il leur appartenait, ainsi qu’ils l’avaient fait