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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

jusqu’au poste extrêmement fort d’Elmiseram, sur le sommet duquel avait été établie de l’artillerie. Chunda-Sahib occupait avec ses troupes la ligne du Cauveri, et formait un angle obtus avec les Français. Si la résolution de Law s’était bornée à des paroles, il pouvait avec sécurité attendre là l’attaque des forces anglaises, car quoiqu’il fût adossé à une rivière, position des plus fâcheuses, le terrain qu’il occupait était cependant si favorable que, s’il était défendu assez vigoureusement, l’attaque ne pouvait se terminer que par la défaite des assaillants. Il semble que le major Lawrence se fût parfaitement rendu compte de ce fait, car il rapporte dans ses Mémoires qu’ayant sondé ses alliés indigènes et constaté, sous un prétexte quelconque, qu’ils ne consentiraient pas à le seconder dans un assaut contre la position française, il fut fort embarrassé sur la marche à suivre pour contraindre Law à la retraite.

Les Anglais ne se jugeant pas assez forts pour attaquer s’ils n’étaient soutenus par les alliés, avaient résolu de se tourner contre les quartiers de Chunda-Sahib. Dans ce but, un détachement de quatre cents hommes, sous les ordres du capitaine Dalton, sortit de Trichinopoly dans la nuit du 12 avril, avec l’espoir de surprendre l’ennemi. Mais ne connaissant pas assez bien la route à suivre, Dalton se trouva, au lever du soleil, en face du point le plus fort des Français, entre le Rocher-Français et Elmiseram. Découvrant tout à coup le danger qu’il courait d’être écrasé par les forces françaises, il s’efforça de se retirer sans être aperçu ; mais les Français découvrirent la présence de l’ennemi avant qu’il fût hors de danger et tout semblait présager sa destruction. Cette perspective, qui aurait créé la vigueur et l’énergie chez un homme ordinaire et aurait pu être pour Law un moyen de faire triompher sa cause, ne fit qu’augmenter sa terreur et le trouble de ses facultés. Au lieu de voir chez les Anglais en retraite, des hommes qu’il lui était facile de détruire par un mouvement énergique, il regarda leur présence comme un indice que lui et ses troupes avaient été exposés à un péril imminent auquel ils n’avaient échappé que par miracle. Au lieu de penser à les poursuivre, il se réjouit de leur retraite volontaire. Les craintes le poussèrent jusqu’à donner l’ordre de faire, aussitôt que les Anglais seraient hors de vue, les prépa-