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CAPITULATION DE LAW

Chunda-Sahib fut frappé au cœur par ordre de Manokdgi, et sa tête fut portée au triomphant Mahomed-Ali.

Mais avant la consommation de cette tragédie, Law avait capitulé. Se reposant sur le roseau de ses trompeuses illusions, il avait laissé échappé toutes les chances favorables, jusqu’au moment où l’arrivée d’un train d’artillerie, venant de Dévicotta, mit les Anglais à même de le contraindre à accepter leurs conditions. Après une suite de protestations qu’il se défendrait jusqu’à la dernière extrémité, il fut enfin convenu que l’armée française se reconnaissait prisonnière de guerre ; que les officiers seraient libres sur leur parole de ne pas servir contre Mahomed-Ali et ses alliés ; qu’il serait pardonné aux déserteurs ; que les armes, l’artillerie et les munitions de guerre seraient, ainsi que l’île, fidèlement livrées aux Anglais. Ces conditions furent ponctuellement exécutées. Le 13 juin au matin, trente-cinq officiers, sept cent quatre-vingt-cinq soldats, deux mille Cipayes, mirent bas les armes, et se constituèrent prisonniers du commandant anglais, agissant au nom de Mahomed-Ali. Quarante et une pièces de canon et une quantité considérable de munitions furent livrées en même temps[1].

Telle fut l’issue funeste de cette expédition qui, onze mois auparavant, était partie de Pondichéry avec tant de chances de succès, et avait été pour son organisateur, la source de tant de labeurs et


    riens et les Mahrattes au sujet de la possession de Chunda-Sahibs exprime, ainsi: « Manokdgi, terrifié à la pensée des collisions qui allaient avoir lieu s’il donnait la préférence à l’un des compétiteurs, ne trouva pas de meilleur moyen de mettre fin à la querelle que d’ôter la vie à son prisonnier ; cependant, comme le major avait exprimé le désir qu’il fût remis aux Anglais, il crut nécessaire de s’assurer s’ils comptaient sérieusement sur cette déférence ; en conséquence, dans la matinée même de la reddition de la pagode, il se rendit auprès du major, avec lequel il eut une conférence, qui le convainquit que les Anglais étaient ses amis, et qu’ils étaient résolus à ne pas se mêler davantage de cette dispute. Immédiatement après son retour à Chucklypollam, il mit son dessein à exécution en ordonnant que la tête de Chunda-Sahib fût abattue. » (Ces passages sont soulignés par nous.) Il est, hélas, clairement démontré par ce qui précède, que le major Lawrence participa à la mort de l’infortuné prince. Le professeur Wilson, pour atténuer ce verdict, avance qu’à cette époque le pouvoir des Anglais n’était pas si bien affermi qu’ils prétendissent dicter des lois aux princes indigènes avec lesquels ils s’alliaient. Il est évident qu’ici il n’y avait pas de lois à dicter, et qu’un mot de Lawrence à Manokdgi aurait changé le sort de la victime. Comment pourrions-nous éviter d’en arriver à cette conclusion positive, quand nous voyons que Manokdgi, assuré que les Anglais n’interviendraient pas pour sauver la vie de Chunda-Sahib, ne quitte le major Lawrence que pour aller ordonner son exécution.

  1. Nos autorités, pour le récit de cette campagne, ont été l’Histoire de M. Orme, le Journal de Lawrence, les Mémoires et les lettres officielles de Dupleix.