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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

Mysorieos différèrent de quelque temps leur attaque contre Trichinopoly. L’œuvre de Dupleix était trop bien conçue pour qu’un échec de cette nature en compromit le succès. Il promit aux Mysoriens que, s’ils voulaient prendre Trichinopoly, cette ville leur appartiendrait. La magie de son influence, qui subsistait encore dans l’esprit des indigènes, s’accrut encore par l’inaction de Lawrence après sa victoire, et en moins de six semaines, les Mysoriens et les Mahrattes abandonnèrent l’alliance anglaise et se joignirent ouvertement aux Français.

Le Gouverneur recueillit encore un autre avantage : avant la fin de la campagne de 1752, Clive, son plus redoutable adversaire, fut obligé par sa santé de quitter le champ de ses victoires et de retourner en Europe. Mais il employa les derniers mois de son séjour dans l’Inde à deux entreprises où brillèrent encore l’énergie, la valeur et les talents militaires qui avaient caractérisé ses précédents triomphes. Nous voulons pailer de la capture des forts Covelong et de Chingleput ; le premier, sur le bord de la mer à égale distance de Saint-Thomé et de Sadras, à seize milles Sud de Madras ; le second, sur le Palaour, commandait la route du fort Saint-Georges à Pondichéry, et était éloigné de quarante milles de la résidence anglaise. La capture de ces deux places est mémorable par ce fait que les deux cents hommes qui composaient la partie européenne de la petite armée de Clive étaient des recrues nouvelles[1], l’écume des prisons anglaises, et si mal disciplinées que l’un des leurs étant tombé sous le canon du fort, tous les autres s’enfuirent. Mais Clive exerçait, même sur cette vile canaille, un tel prestige par son mépris pour le danger ; il s’acquit à un tel point le respect de ces hommes, que, malgré sa santé défaillante, il sut les ramener, et leur communiqua assez d’énergie pour réduire Covelong et vaincre sept cents Cipayes et quarante Européens que Dupleix avait envoyés au secours du fort ; puis, marchant sur Chinglepat, la place la plus forte après Gingi dans cette partie du pays, il força la

  1. Lord Macaulay dit, dans son Essai sur Clive, que cette troupe était d’une nature telle que nul autre que Clive n’aurait voulu risquer sa réputation en la commandant. Cependant Orme, qui a été l’autorité de lord Macaulay, remarque simplement qu’il n’était guère à espérer qu’un officier jouissant d’une réputation acquise eût voulu la risquer en se chargeant de la comnxander.