Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
DE BUSSY JUSQU’EN 1754

condamner si, considérant l’avenir avec la vue humaine, il se décida à affronter un danger au moins problématique ? En présence d’une perspective si attrayante, Dupleix n’aurait pas été lui-ipème s’il fût demeuré inactif.

Au premier abord, tout sembla favoriser les plans du Gouverneur français. Il ne pouvait être mieux représenté que par l’habile et souple de Bussy. Nous avons indiqué de quelle manière adroite mais inoffensive il avait disposé ses troupes à Aurungabad. Toute sa conduite était dictée par le même principe : ne paraître rien dans l’État, et y être tout ; n’être aux yeux du monde que le commandant du contingent français, mais relever la dignité de cet emploi aux yeux des indigènes par une somptueuse étiquette ; diriger en secret toutes les relations extérieures du gouvernement, et faire concourir tous ses actes au profit des intérêts français. De cette manière il fondait une influence qui devrait survivre à la perte du pouvoir et du prestige de Pondichéry, et qui, sans la chute de ce pouvoir et de ce prestige, aurait selon toute probabilité produit l’effet le plus décisif dans les événements qui devaient se réaliser. Tous les efforts de Bussy, depuis son arrivée à Aurungabad, tendirent à l’établissement de cette autorité occulte. Il réussit complètement, et il ne s’écoula que bien peu de temps avant que Salabut fût convaincu que sa sûreté personnelle dépendait de la présence des troupes françaises dans la capitale, et que la sécurité de l’empire ne pouvait être plus assurée qu’en suivant les conseils du général français. Celui-ci se tenait toujours soigneusement au second plan. Il employait activement son influence cachée à faire choisir, pour ministres du soubab, des hommes sur le dévouement desquels il croyait pouvoir compter, et nous verrons que si plus d’une fois il fut joué par la finesse des intrigants asiatiques, il ne manqua jamais de hardiesse et de promptitude pour réparer une erreur, et même pour faire tourner à l’avantage de son pays les tentatives faites pour amoindrir son influence.

Tandis que de Bussy s’occupait ainsi d’implanter le pouvoir français dans la cour du soubab, il reçut avis de l’alliance conclue entre Anwaroudin et les Mahrattcs, dans le but d’expulser le nabab qu’il avait nommé. Quoique de Bussy eût probablement préféré pour-