Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
DE BUSSY JUSQU’EN 1754

avait gagné et donna ainsi aux troupes du soubab le temps de se rallier. Le lendemain, de Bussy occupa la ville de Korygaom sur le Bhima, et se trouva ainsi à vingt milles de la capitale du Peshwa.

Mais il n’entrait pas dans les plans du soubab de faire de conquêtes sur les Mahrattes. Ses intérêts lui dictaient plutôt de rompre la confédération existant entre ce peuple et Gazi-Oudin, et même, s’il était possible, de former une alliance avec ceux qu’il aurait séparés de son rival. Guidé par les sages conseils de Bussy, non-seulement il avait réussi à empêcher la jonction des deux armées dont chacune était supérieure à la sienne, mais il avait forcé l’une d’elles à une rencontre sur le terrain de son choix, et l’avait traitée de manière à convaincre son chef qu’il avait intérêt à devenir son allié, plutôt qu’a être celui de son compétiteur. Après la dernière bataille, le Peshwa avait commencé à se demander s’il était nécessaire ou profitable de continuer plus longtemps la lutte. Il sentait que, si l’ennemi s’approchait plus près de Pounah ou de Sattara, cela donnerait aux partisans de Tara-Baé un poids suffisant pour mettre en danger le pouvoir et l’influence qu’il possédait. Il ouvrit donc des négociations avec Salabut-Jung, et, quoiqu’elles traînassent en longueur par suite de quelques difficultés que souleva ce prince, un armistice fut cependant conclu au commencement de 1752.

Salabut-Jung était d’autant plus désireux d’en venir à un arrangement que son armée, mal organisée et mal commandée, était presque révoltée. Ses hommes avaient des sujets de mécontentement, car leur solde était fort arriérée, et les officiers supérieurs particulièrement, étant pour la plupart fort peu instruits dans leur profession, étaient jaloux du crédit que les Français s’étaient acquis. Ils insinuaient continuellement que de Bussy avait des vues ultérieures, que la prolongation des hostilités pouvait seule lui permettre de réaliser. Salabut-Jung avait encore un autre motif non moins puissant de désirer la paix : Gazi-Oudin marchait sur Aurungabail, et il importait de traiter avec lui pendant que le souvenir de la dernière campagne était encore présent à la mémoire des Mahrattes. L’avis donné par de Bussy, dans ces circonstances, était donc digue de sa répulation de tact et d’habileté. Cet officier