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DE BUSSY JUSQU’EN 1754

Mozuffer-Jung ; mais, pour des raisons politiques, il l’avait transmise à Chunda-Sahib.

À la mort de ce dernier, devait-elle revenir à Dupleix, soit pour l’exercer par lui-même, soit pour y mettre un représentant ; ou bien devait-on admettre la possibilité d’y voir nommer quelque ennemi du pouvoir français ? À cette question il n’y avait qu’une réponse. La cour de Delhi n’ayant qu’un droit de confirmation, de Bassy profita de son influence auprès du soubab, à qui appartenait légalement le droit de nomination, pour obtenir de lui une patente qui nommait Dupleix à cet emploi. Dans notre dernier chapitre, nous avons parlé de la réception de ce document à Pondichéry.

Nos lecteurs sont maintenant bien au fait de la manière dont de Bussy avait été occupé pendant que Dupleix luttait seul contre Clive et Lawrence. Quoique le théâtre de son activité continuât à être fort éloigné de Pondichéry, tous ses actes étaient si intimement Hés à la politique de Dupleix, que nous nous proposons d’en continuer maintenant le récit jusqu’à l’heure fatale où le grand proconsul fut rappelé pour être une nouvelle victime du gouvernement qu’il n’avait que trop bien servi.

L’année qui commençait alors, grosse d’événements et d’épreuves pour de Bussy, devait le voir sortir vainqueur de dangers et d’embûches de nature à éprouver les qualités d’un homme d’État et montrer de quelle inutilité sont les troupes et les forteresses sans commandants capables. Au mois de janvier, aussitôt que la paix eut été conclue avec les Mahrattes et pendant le voyage d’Hydérabad, de Bussy, épuisé par les fatigues et les dangers, fut subitement frappé de maladie. L’attaque fut si violente, que malgré la volonté de ne pas lâcher dans un moment si critique les fils de toutes les négociations dans lesquelles il était engagé, il dut forcément céder à l’avis de ses médecins, et consentir à être transporté à Mazulipatam, pour changer d’air et prendre du repos. La répugnance qu’il témoignait à se laisser persuader, était principalement due à sa conviction que l’influence de la France dépendait presque entièrement de sa présence à la cour du soubab ; il n’avait auprès de lui personne à qui il pût confier le secret de toutes ses négociations délicates ; pas un seul officier dont le juge-