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DE BUSSY TOMBE MALADE

ment ou même le talent de maintenir la discipline lui inspirât quelque confiance. Son second dans le commandement, M. Goupil, était d’une capacité des plus ordinaires, un de ces hommes que leur simplicité expose continuellement aux machinations des intrigants. Lui confier les troupes était déjà un danger, si Syud-Lushkur avait été, comme le croyait de Bussy, un ami dévoué ; mais sachant quil était un ennemi aussi déterminé que secret, c’était s’exposer à des malheurs inévitables. Il était heureux pour de Bussy que, dans la faiblesse où la maladie l’avait réduit, il n’eût jamais soupçonné quel était le but secret vers lequel tendaient toutes les ruses du dewan. La secousse qui en serait résultée et les efforts qu’il aurait faits pour le combattre, lui auraient probablement porté un coup fatal. Malgré son ignorance à ce sujet, il n’envisageait la pensée de son départ qu’avec une extrême inquiétude. Mais il n’y avait pas à reculer : il lui fallait du repos et du calme, ou se résigner à mourir. Il partit donc, le cœur abattu, laissant sa place à Goupil, ses conseils au soubab et à Syud-Lushkur, et promit un prompt retour, se doutant peu de quelle manière se ferait ce retour.

Le soubab n’eut pas plutôt atteint Hydérabad, que le dewan commença les secrètes intrigues par lesquelles il espérait arriver à une rupture définitive entre le soubab et les Français, afin de purger le pays de ces derniers. La faiblesse et l’indécision de Goupil vinrent à son aide. Nous avons précédemment fait mention de la sévère discipline que, dès l’époque de son arrivée à Aurungabad, de Bussy avait introduite dans son armée, et nous avons indiqué comment l’ordre qu’il avait rigoureusement maintenu avait contribué à augmenter la confiance et même l’affection de la nation pour les alliés européens. Si ces sentiments étaient généralement répandus dans le peuple, à plus forte raison ils étaient profondément implantés dans le cœur du soubab lui-même. Salabut-Jung n’avait pas été indifférent au sort de ses parents. En voyant son frère Nazir-Jung et son neveu Mozuffer-Jung frappés par des traîtres cachés parmi leurs partisans, il avait été pénétré de l’avantage d’avoir pour entourage immédiat un corps d’hommes n’ayant aucun lien avec les nobles, sur lequel il pût donc complète-