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INTRIGUES DE SYUD-LUSUKUR

réclamations, il fit un pas de plus. L’état des affaires, dit-il, était demeuré le même ; mais il ajouta qu’il donnait aux Français la liberté de faire respecter la loi, en manhant contre les tributaires réfractaires. Il indiqua quels étaient ceux-ci, disséminés à d’assez grandes distances les uns des autres ; il ne négligea pas de signaler quels avantages pécuniaires ils trouveraient à ce mode de percevoir les revenus. L’apparence de droiture et de sagesse de cette proposition abusa Goupil et ses officiers, et l’on fit partir quelques détachements. Dans d’autres circonstances, il aurait peut-être été difficile d’obtenir que le soubab consentît à leur départ, mais les actes de violence et de désordre récemment commis, avaient indisposé Salabut-Jung, et il ne fit aucune opposition.

Mais quoique les forces françaises se trouvassent ainsi amoindries, Syud-Lushkur était résolu à les diviser et à les affaiblir encore plus. Aurungabad était la ville la plus éloignée de Pondichéry. Il persuada à Salabut-Jung d’y retourner, accompagné seulement d’un petit détachement de Français et de Cipayes, laissant le reste à Hydérabad, dont le gouverneur reçut pour instructions positives de ne leur faire aucune avance. Il se détermina en même temps à débarrasser la cour et lui-même de la présence de Goupil qui, tout nul qu’il était, occupait, en vertu de sa commission de commandant par intérim des troupes françaises, une position qui, le complot étant arrivé à maturité, lui laissait auprès du soubab une influence suffisante pour le faire avorter. Il conduisit cette partie de son projet avec une adresse et un sang-froid dignes de remarque. Il alla trouver Goupil, lui fit part des mouvements projetés, lui communiqua l’intention du soubab de ne prendre avec lui qu’une petite escorte de troupes françaises, et lui demanda de la commander. Goupil, quoique sans soupçons, répondit que son devoir était de rester avec le gros de ses forces, et que l’escorte étant si peu importante, il suffirait de la mettre sous les ordres d’un officier d’un rang inférieur. Il demeura donc à Hydérabad, et envoya M. de Janville, officier de peu de poids et d’expérience, pour commander l’escorte du soubab.

Décidé dès longtemps à ne laisser dans son chemin aucune pierre qui put l’obstruer, Syud-Lushkur était entré en correspon-