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DE BUSSY JUSQU’EN 1754

dance occulte avec les Anglais, leur offrant de les aider de toute la puissance du Décan, s’ils voulaient lui prêter assistance dans ses entreprises pour l’expulsion des Français. Cette proposition entrait parfaitement dans les vues de M. Saunders, mais en ce moment il était engagé dans une lutte à mort avec les Français devant Trichinipoly et ne pouvait prêter qu’un appui moral. Cependant il entra en correspondance active avec Syud-Lushkur, et l’engagea à persévérer dans ses grands projets. Vers la fin d’avril 1753, le complot semblait à la veille du succès. Les Français étaient dispersés dans tous les pays ; à Hydérabad, le principal corps était réduit par la misère à se révolter ; le jeune officier qui accompagnait le soubab était sans influence comme sans talent. Il parut naturel à Syud-Lushkur que des troupes aussi énergiques que l’étaient celles des Français, se voyant négligées et affamées, eussent volontiers accepté leur congé d’un pays où leur présence était si mal venue. Syud comptait si fermement sur le succès de cette politique, qu’il écrivit à M. Saunders de ne rien craindre pour le résultat, car disait-il, « je me suis arrangé de manière à me délivrer de vos ennemis : le plan est en voie d’exécution, le résultat sera tel que vous le désirez. Je compte être avec vous vers la fin des pluies et arranger toutes choses d’une manière satisfaisante. »

Pendant ce temps, les Français d’Hydérabad manquaient de tout. Le gouverneur de cette ville exécutait à la lettre les ordres qu’il avait reçus, et refusait aux troupes françaises et aux Cipayes jusqu’aux moindres provisions. Les détachements n’étaient pas plus heureux dans les provinces. Séparés entre eux et du corps principal, ils n’étaient pas en position de rien effectuer en face de l’opposition muette, qui, de toutes parts, s’élevait contre eux. Le désespoir s’empara de leur esprit, et toutes leurs pensées se tournèrent vers de Bussy ; s’il eût été là, disaient-ils, jamais cela ne serait arrivé, et lui seul pourrait les sortir de ce dilemme. Dans ces idées, ils envoyaient messager sur messager à leur chef adoré.

Lorsque de Bussy reçut les messagers et les lettres dont ils étaient porteurs, il était encore retenu au lit à Mazulipatam. Les brises de mer avaient déjà contribué à rétablir sa santé, mais la prudence lui aurait conseillé une plus longue abstention des devoirs fati-