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DE BUSSY RASSEMBLE SES TROUPES ÉPARSES

gants de la vie officielle. Il reçut presque simultanément les lettres d’Hydérabad et une communication de Pondichéry qui acheva de le décider. La lettre confidentielle, écrite par Syud-Lushkur à M. Saunders, avait été interceptée par les agents français, qui l’avaient remise à Dupleix.

Celui-ci la reçut au moment où il méditait les propositions de paix qu’il fit au mois de juillet de la même année, et dont nous reparlerons en temps convenable. De Bussy le pressait depuis longtemps, et même depuis qu’il était malade à Mazulipatam, d’adopter cette marche et de renoncer à la politique de domination qu’il suivait depuis tant d’années. Mais pour que Dupleix fit des propositions de paix avec quelques chances de succès, il était cependant nécessaire qu’il fût souverain d’au moins une province de l’Inde. Jusqu’ici il avait compté que son prestige dans le Décan compenserait ses pertes dans le Carnate. Mais maintenant il apprenait par cette lettre que, dans le Décan, son prestige s’évanouissait et que son pouvoir était à la veille d’être anéanti. Il comprit tout ; en un instant il vit comment cela était arrivé, et comment on y pouvait remédier. Pour lui, penser et agir ce n’était qu’un. Il adressa aussitôt à de Bussy une lettre conçue en termes des plus emphatiques, le pressant de partir pour Hydérabad, quand même sa santé ne serait pas complètement rétablie. La manière dont de Bussy agit à la réception de cette lettre, est ainsi racontée par Dupleix lui-même. « Le sieur de Bussy, écrit-il, était un trop zélé patriote pour ne pas sacrifier même sa santé pour le bien de l’État. » Sans perdre un jour, il envoya à tous les détachements du district l’ordre de se réunir à un lieu désigné près d’Hydérabad, où il les rejoindrait à la fin du mois (mai 1753). S’y étant rendu, il trouva réunies toutes ses troupes, s’élevant à cinq cents hommes blancs et quatre mille Cipayes. Son premier acte fut de rétablir Ja discipline dans sa petite armée et de lui rendre la confiance. Ceci fait, il marcha vers Hydérabad ; le gouverneur de cette ville, intimidé par cette action si rapide et voyant que le plan de son chef n’avait pas réussi, consentit, après quelques difficultés, à liquider l’arriéré de la solde, sans vouloir toutefois prendre d’engagements pour l’avenir.