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CHUTE DE DUPLEIX

nopoly, un peu au Nord du camp anglais. Astruc ayant appris le lendemain matin que Lawrence était retenu dans la ville par la maladie, profita de son absence pour s’emparer de quelques hauteurs qui commandaient le camp anglais à un mille au Sud. Ces hauteurs, appelées les Cinq-Rochers, n’étaient gardées que par quelques Cipayes, et Astruc s’en rendit maître en peu de temps. Il mit tant de diligence à les forlifieret y réussit si bien, que quand Lawrence, instruit de leur perte, voulut chercher à les reprendre, il fut repoussé et forcé de se retirer dans une position plus rapprochée de la ville, pour être hors de la portée du feu de l’ennemi.

Le succès de cette manœuvre hardie fut pour Astruc un immense avantage. Non-seulement sa position aux Cinq-Rochers était inattaquable, mais elle était la clef du pays environnant. Elle le mettait dans le cas d’intercepter toutes les provisions de l’ennemi en barrant le passage à ses convois. La supériorité numérique de la cavalerie française semblait rendre tout mouvement impossible à Lawrence. L’idée ne lui vint même pas, qu’une action générale pourrait améliorer sa position. La maladie et les fatigues avaient produit de tels ravages dans la garnison, qu’il ne pouvait mettre en campagne plus de cinq cents Européens, appuyés de treize cents Cipayes et de cent chevaux ; le reste des alliés demeurait dans la ville de crainte d’une rencontre avec les Mahrattes. Astruc avait, de son côté, quatre cents soldats français, quinze cents Cipayes soutenus de huit mille cavaliers mysoriens, douze cents fantassins, trois mille cinq cents cavaliers mahrattes et quinze cents hommes d’infanterie irrégulière. Était-il probable, était-il même vraisemblable que cent Européens qu’il avait en plus, et la supériorité des talents personnels de Lawrence, pussent compenser cet immense avantage numérique des Français et de leurs alliés ?

La situation des Anglais était véritablement déplorable. Il semblait que quelques jours de patience de la part d’Astruc suffiraient pour les mettre dans la nécessité absolue, ou d’attaquer la position imprenable des Français, ou de capituler. Mais pour hâter le dénoûment, Astruc résolut de contraindre l’ennemi à rentrer dans la ville même, il considérait que tel serait le résultat inévitable qu’entraînerait la capture d’une autre éminence appelée le