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SITUATION AVANTAGEUSE DES FRANÇAIS

Rocher-d’Or, qui était d’un mille plus rapproché que son camp de la ville, et n’était gardé que par des Cipayes. Cette éminence prise, il ne restait aucune autre position où les Anglais pussent trouver un abri en deçà de Trichinopoly.

Nous voyons clairement la position des armées en présence. D’un côté, Astruc, avec des forces immensément supérieures par le nombre de ses alliés, mais inférieures d’un cinquième en soldats européens ; Astruc, en possession d’un poste presque inaccessible, interceptant les convois et n’ayant à s’emparer que d’une autre hauteur plus rapprochée de la ville, pour assurer la route de celle-ci. De l’autre côté, Lawrence, malade et affaibli, dans une position purement défensive, incapable d’attaquer avec quelques chances de succès, sans alliés indigènes, ne pouvant compter que sur ses Européens, et sachant bien que sa ruine serait consommée par la prise du Rocher-d’Or dont les Français n’étaient plus qu’à un mille. Il est évident que, dans un tel état de choses, le commandant anglais n’avait qu’à attendre avec calme l’attaque des Français.

Après quelques jours d’anxiété et d’attente, cette attaque eut lieu. Le 7 juillet au matin, Astruc ayant guetté le moment où une grande partie des Cipayes étaient allés recevoir leurs rations, détacha un corps choisi de grenadiers et de ses meilleurs Cipayes pour attaquer le Rocher-d’Or, tandis qu’il soutiendrait leur action avec toute son armée. Ce détachement, s’avançant avec l’impétuosité et la célérité particulières aux soldats français, gravit les hauteurs, et après une vive résistance, enleva le poste. Lawrence, qui était au camp, ayant aperçu les mouvements de l’ennemi, se hâta de réunir tout ce dont il pouvait disposer, c’est-à-dire quatre cent vingt Européens, et courut au secours de ses hommes sur le Rocher. Mais il avait perdu du temps, et avant qu’il eût franchi la moitié de la distance, la position était perdue. À peine avait-il eu la douleur de voir flotter les couleurs ennemies au sommet du Rocher, que le feu de l’artillerie française, partant des deux côtés de sa base, lui apprit que toutes les forces de l’ennemi étaient prêtes à repousser toute tentative qu’il pourrait faire pour le reprendre.