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TROISIÈME VICTOIRE DE LAWRENCE

Astruc avait, comme Brennier avant lui, placé la majeure partie de ses forces sur le Pain-de-Sucre, dont les retranchements étaient achevés de trois côtés ; sur le Rocher-d’Or, qu’il comptait fortifier aussi, se trouvaient cent Européens, six cents Cipayes et deux pièces de canon. Toute la campagne, aux alentours des hauteurs, était occupée par les Mahrattes et les Mysoriens. Astruc espérait, en occupant là une position imprenable, bloquer les Anglais de trois côtés, tandis que Dupleix détacherait le rajah de Taojore de leur alliance. Ceci compléterait l’investissement de Trichinopoly et en amènerait inévitablement la chute.

Tel était l’état des affaires, lorsque, le 27 septembre, le détachement des capitaines Ridge et Calliaud joignit Lawrence, qui décida d’attaquer dans le plus bref délai. En conséquence, il marcha le matin du Ier octobre sur le bois du Derviche, y rangea ses hommes et offrit la bataille. Astruc l’ayant refusée, il campa sur le terrain même, et le lendemain, dès l’aurore, s’avança à la tête de six cents Européens, six canons et deux mille Cipayes, vers le Rocher-d’Or, l’assaillit par trois colonnes avant d’avoir été aperçu, et l’emporta, sans que les Français eussent eu le temps de tirer leurs deux canons, qui furent pris tout chargés. Ne prenant que le temps de se reformer, Lawrence s’avança rapidement vers le Pain-de-Sucre au son du tambour et des cris de ses hommes, tandis que les Mysoriens fuyaient devant eux. Là, il fut reçu par les Français, rangés en bataille devant le côté non fortifié, et soutenus, sur leur gauche, par un corps considérable de Cipayes. Ces hommes furent sans doute découragés par la fuite des Mysoriens et les cris des Anglais, car ils cédèrent sans avoir tiré un seul coup. La division de droite des Anglais, se précipitant à leur poursuite, découvrit la gauche des Français, qui n’était pas gardée. Ils tournèrent alors à gauche, et les prirent en flanc, pendant que les deux autres les chargeaient de front. Immobiles, comme l’étaient les Français, ils ne purent résister à cette double attaque ; les efforts d’Astruc furent vains ; les Anglais les serraient de si près qu’il était impossible de se rallier ; les restes dispersés des forces françaises ne s’arrêtèrent qu’après avoir mis les eaux du Cauvéri entre eux et ceux qui les poursuivaient.