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CHUTE DE DUPLEIX

encore à deux milles, et Morari-Rao, qui désirait que la surprise fut complète, ayant rtîmarqué la négligence de la marche des Anglais et craignant que quelque chose ne vint leur donner l’alarme avant qu’ils fussent arrivés assez près des Français, se décida à devancer ses ordres. En conséquence, il fit prévenir les petits détachements qu’il avait postés dans les bois de se tenir prêts. Puis il donna le signal. L’effet fut électrique. Les Anglais, qui étaient échelonnés tout le long du convoi, incapables de se rassembler assez vite pour opposer une résistance efficace^ ne pouvaient que mourir à leur poste. Les Mahrattes, en galopant au milieu d’eux, en avaient déjà tué cinquante au moment où les Français arrivèrent sur le lieu. Ils offrirent au reste de se rendre ; il n’y en avait plus que cent trente-huit, dont cent blessés[1].

Ils firent leur soumission ; mais ce ne fut là qu’un éclair passager de gloire. Le 27 mai, un corps de sept cents Français, appuyés d’un nombre considérable de Cipayes et de Mahrattes, fut repoussé près du Pain-de-Sucre par les Anglais, inférieurs en nombre, dans une de ces positions où une victoire des Français aurait terminé la guerre dans cette partie du pays. Cependant la chance parut tourner. Mainville, inspiré par Dupleix, résolut d’abandonner sa position devant Trichinopoly, pour porter la guerre dans le pays ennemi. S’étant aventuré vers l’Est, il attaqua et prit Killahcottah, puis Coiladdy. Là, il détourna les eaux du Cauvéri et les jeta dans le lit du Coleron, ce qui devait causer un grand embarras aux habitants de Tanjore. Après cela il retourna vers Trichinopoly, et se plaça aux Cinq-Rochers, d’où il pouvait le mieux intercepter les approvisionnements destinés à la ville. Vers la même époque, Morari-Rao défit complètement l’armée du rajah de Tanjore. Pour couvrir cette capitale, Lawrence avait quitté son poste près de Trichinopoly, ce qui avait permis à Mainville d’effectuer le mouvement que nous avons rapporté. Au moment même où nous sommes arrivés, Lawrence observait attentivement de Tanjore les manœuvres de Mainville aux Cinq-Rochers, tandis que, — telle est la diplomatie orientale, — les agents secrets de Dupleix avaient plus d’à

  1. De ce nombre était le fameux bataillon de grenadiers qui avait supporté le choc de toutes les batailles de Lawrence.