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CHUTE DE DUPLEIX

qui lui sont si inférieurs à tous égards. Peut-être aussi ne se rendait-il pas compte des extrémités auxquelles pourraient se porter la petitesse et l’ingratitude humaines. Il est évident que, fort de sa conscience, il ne redoutait le résultat d’aucun examen. Il avait malheureusement affaire, comme nous le verrons, à des hommes pour qui la conscience du mérite n’était qu’un mot, si la conduite qui l’accompagnait ne cadrait complètement avec leurs conceptions mesquines et leurs idées étroites.

Il y avait, au sein de la Direction en France, un parti qui, pendant longtemps, s’efforça de préparer sa chute. Dès 1752, les plaintes adressées par le Gouverneur Saunders et ses amis à leur Compagnie au sujet de l’ambition sans bornes et des immenses projets de Dupleix, avaient trouvé de Técho dans le sein de la Direction française. Ce fut la cause qui fit, dans cette même année, envoyer à Londres M. Duvalaer, muni de pleins pouvoirs pour négocier, de concert avec l’ambassadeur français près la cour de Saint-James, avec les ministres anglais, au sujet d’une base à adopter pour régler les affaires d’Orient. Les deux parties protestaient qu’elles desiraient conclure la paix pour se consacrer uniquement aux affaires commerciales et s’abstenir de toute interveition dans les affaires des indigènes.

Dans le cours des négociations, le ministère anglais, influencé par la direction de la Compagnie anglaise, qui recevait ses inspirations du Gouverneur Saunders et de ses amis, ne cessa d’attribuer tous les maux dont les deux Compagnies se plaignaient, à celui-là seul qui gouvernait à Pondichéry. Ils prétendaient tous que, sans lui, il n’y aurait eu ni luttes ni dépenses ruineuses, ni entraves dans les opérations commerciales. Lui seul devrait être responsable de tout. Ces plaintes, sans cesse répétées, ne pouvaient manquer d’agir à la fin sur la crédulité des Directeurs français. Ils furent assez simples pour croire que leurs rivaux, leurs plus mortels ennemis étaient capables de leur donner un avis purement désintéressé, qu’ils désiraient le rappel de Dupieix autant dans l’intérêt de la France que dans celui de l’Angleterre. Avons-nous besoin de faire observer qu’une semblable tactique aurait dû rendre les Français plus récalcitrants à se séparer d’un homme que leurs