Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
348
CHUTE DE DUPLEIX

tion, le ministère français nomma l’un des directeurs, M. Godeheu, qui avait été jadis membre du Conseil de Chandernagor, pour commissaire du Roi, à l’effet de conclure la paix, et de vérifier les comptes de son prédécesseur. Le même Godeheu reçut aussi de la Compagnie lacommission de Gouverneur-Général des établissements français. Les Anglais, plus rusés, ne firent aucune nomination, et envoyèrent les pouvoirs nécessaires au Gouverneur Saunders et aux membres du conseil.

La première nouvelle que reçut Dupleix de ces événements était contenue dans une lettre de Godeheu lui-même, datée de l’île de France, lui annonçant qu’il partait prochainement pour Pondichéry, pour agir de concert avec lui comme commissaire du Roi et de la Compagnie des Indes. La lettre était conçue en termes très-modestes et très-humbles ; le signataire déplorait sa propre inexpérience, et exprimait l’ardent désir d’être guidé par son ancien ami. Quels qu’aient pu être les sentiments de Dupleix en recevant cette communication^ il n’est pas douteux qu’il ait été rassuré par le ton amical de cette lettre et la connaissance personnelle qu’il avait de celui qui l’avait écrite. Il connaissait Godeheu depuis sa tendre jeunesse, et l’avait toujours aimé. Il avait été son supérieur à Chandernagor et n’en avait reçu que des témoignages de déférence et de respect. Il avait même eu une fois l’occasion de lui sauver la vie. Après son retour de Chandernagor, Godeheu était devenu l’un des Directeurs de la Compagnie, et à ce titre avait entretenu avec Dupleix une correspondance suivie et intime. Il lui avait toujours montré un dévouement et une admiration sans bornes.

Le choix d’un homme si affectueux et si dévoué, devant agir, Dupleix le croyait alors, uniquement comme commissaire pour arriver à la paix, ne pouvait avoir rien d’alarmant pour lui. Il ne savait pas, il n’avait pas eu l’occasion d’apprendre que cet homme, en apparence si dévoué, n’était qu’un de ces misérables qui cherchent à s’élever en flattant bassement les grands hommes. Il ne savait pas que, pendant tout le temps que Godeheu lui écrivait des lettres pleines de protestations d’amilié, il avait, par ses intrigues, amené sa chute dans l’espoir d’être nomme pour lui succéder. Il ne savait pas que, loin de désirer lui aider ou protiter de ses avis, ce Godeheu avait