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CHUTE DE DUPLEIX

Ce fut le 2 août 1754 que Dupleix remit à Godeheu le commandement du vaste sol indien qu’il avait acquis à sa Compagnie, soit par son habile diplomatie, soit par son influence personnelle. Dix semaines plus tard, Dupleix, suivi de sa famille, adressait un dernier adieu à la terre à laquelle il avait consacré la plus belle partie de sa vie ! Les actes publics qui marquèrent cet intervalle appartiennent à la carrière de Godeheu, et c’est à ce titre que nous en traiterons. Quant à la conduite de Dupleix dans cette période, tout ce que nous dirons, c’est qu’elle se distingua par une loyauté, une abnégation, un dévouement aux intérêts de la Compagnie qui l’avait répudié, dont l’histoire nous offre peu d’exemples. Au contraire, nous voyons, du côté de Godeheu, une arrogance méprisante, un ardent désir de blesser et de vexer, une détermination de ruiner, s’il était possible, et de déshonorer l’ex-Gouverneur, telle qu’il n’en peut émaner que d’un esprit étroit et misérable ! Non-seulement il rejeta, ainsi que nous le verrons en discutant ses actes publics, les avis qui, s’il les avait écoutés, l’auraient conduit à établir la domination française sur une base solide, mais il ordonna à ses commandants de se tenir dans une inaction qui préserva l’ennemi de la destruction, et cela tout simplement parce que l’activité aurait justifié la politique si longtemps suivie par Dupleix. Mais ce fut surtout dans sa manière d’agir à l’égard des réclamations financières de Dupleix qu’éclata toute sa malveillance. Ne pouvant découvrir la moindre irrégularité dans ses comptes, voyant que nul ne répondait à ses invitations secrètes de porter des accusations contre l’ex-Gouverneur, désappointé dans les espérances qu’il avait nourries de le renvoyer en France chargé de chaînes, il résolut de le dépouiller au moins de sa fortune privée et le réduire à l’indigence. Les moyens ne manquaient pas à un homme aussi dépourvu de scrupules. L’examen des comptes de la Compagnie de Pondichéry démontrait qu’il était dû à Dupleix de six à sept millions de francs. Aussitôt que Godeheu se fut assuré de ce fait, il défendit aux employés qu’il avait chargés de s’occuper des comptes de continuer leur travail et les contraignit à signer seulement un certificat attestant que toutes les pièces justificatives fournies par Dupleix n’avaient rapport qu’aux comptes publics. Par ce