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GODEHEU ET DE LEYRIT

plement à faire rentrer ses revenus. Quelque spécieuse que pût paraître cette réponse, de Leyrit dut, pour le moment, s’en montrer satisfait, car l’amiral Watson était sur la côte ; et le Gouverneur, quoiqu’il fût encore novice, sentit bien qu’il serait impolitique d’inaugurer son début par un renouvellement d’hostilités. Il résolut donc de se borner à protester, bien décidé intérieurement, à suivre à l’occasion l’exemple qui venait de lui être imprudemment donné. Quelques semaines plus tard, quand il reconnut qu’on n’avait pas versé à Pondichéry les tributs dus par les territoires à l’Ouest d’Outatour et au Sud du Valaru, pays connu sous le nom de Terriore et sur lequel le rajah de Mysore avait donné aux Français le droit d’agir comme ses agents, il envoya Maissin à la tête de cinq cents Européens et de mille Cipayes pour prendre des arrangements qui garantissent l’avenir. Les Anglais ne firent aucune opposition, mais quand ils virent que les Français, vainqueurs dans le Terriore, se dirigeaient vers le pays voisin de Pallamcotlah, qui s’étend presque du Valaru au Coleron, et qu’il leur plaisait de regarder comme féodalement dépendant du nabab, l’ordre fut envoyé à Calliaud de s’opposer à ce mouvement, même par la force s’il était nécessaire. Si les Français persistaient, la guerre était imminente ; mais de Leyrit n’y étant pas préparé, céda et rappela ses troupes. Néanmoins le précédent était établi de part et d’autre, et quand Godeheu arriva en Europe, le traité qu’il emportait était violé dans sa partie principale (la seule qui pût servir à le justifier), par les Anglais, comme alliés de Mahomed-Ali, par les Français, comme agents des Mysoriens.

Après un court séjour à Pondichéry, de Leyrit fut bien convaincu que la théorie de la non-intervention, sur laquelle Godeheu avait basé sa politique, était, dans l’état actuel de l’Inde, tout simplement impraticable. Les deux pouvoirs rivaux sur la côte de Coromandel ayant des armées et des places fortes, étaient continuellement mis en contact avec des voisins dont ils connaissaient la faiblesse et qui les tentaient continuellement par leurs offres ; il était impossible qu’ils eussent toujours l’un et l’autre assez de vertu pour résister à la tentation. Il fallait trouver des excuses à faire valoir, au moins à l’égard de leurs Directeurs en Europe, pour justilier cha-