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GODEHEU ET DE LEYRIT

Les Anglais avaient toujours vu d’un œil jaloux la position qu’occupait de Bussy à la cour du soubab. L’influence qui en résultait pour les Français ne pouvait manquer de se faire sentir sur les deux côtes de l’Indoustan, à la cour du Peshwa aussi bien que parmi les petits princes du Carnate. Dans le traité conclu avec Godelieu, il n’avait été fait aucune mention particulière de Bussy, il y avait donc une reconnaissance tacite qu’il n’avait aucun rapport avec les affaires du soubab qui, par le fait, n’avait jamais commis d’hostilités envers les Anglais. Ceux-ci n’ayant aucun droit de demander l’expulsion de Bussy, désiraient cependant affaiblir l’influence que lui donnait sa position à Hydérabad, soit en le desservant auprès du soubab, soit en acquérant pour eux-mêmes de nouvelles possessions sur la côte occidentale. Quand nous étudierons les opérations de Bussy, nous verrons comment le premier de ces plans fut tenté et réussit : mais avant cela, le retour dans l’Inde de Clive, nommé lieutenant-colonel et gouverneur du fort Saint-David, donna aux Anglais le moyen de tenter le second. Par l’ordre de la cour des Directeurs, Clive avait d’abord été envoyé à Bombay afin d’être prêt à coopérer à une expédition projetée, de concert avec le Peshwa, contre le Nord du Décan. Le colonel Scott, qui commandait le contingent anglais étant mort à Bombay, Clive le remplaça, et on n’attendait plus que les ordredu gouvernement de Bombay pour se mettre en marche. Les membres de ce Gouvernement jugeant que le traité conclu avec Godeheu interdisait toute entreprise de ce genre, hésitaient à s’y embarquer, ou du moins attendaient l’avis des autorités de Madras. Celles-ci n’avaient aucun scrupule de ce genre ; et quoiqu’elles ignorassent les vues du Gouvernement de la métropole sur l’emploi à faire des forces de Clive (le navire qui portait les dépêches au gouvernement de Bombay avait fait naufrage), elles lui envoyèrent un message immédiatement après son arrivée, pour lui suggérer l’emploi le plus utile, selon elles, à faire de ses forces ; leurs conseils se trouvèrent presque complètement identiques avec le plan de la Cour des Directeurs. Mais avant que cette dépêche fût arrivée à Bombay, le gouvernement de cette présidence, plus prudent que celui de Madras, avait résolu d’employer les troupes de