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MOUVEMENTS MILITAIRES

Clive et la flotte de l’amiral Watson pour réduire, avec l’aide des Mahrattes, le fort Guéria, le principal repaire du fameux pirate Angria.

Le cadre de cette histoire ne nous permet pas d’entrer dans le détail de cette expédition, puisqu’elle ne touche en rien aux intérêts français ; qu’il nous suffise de dire qu’elle fut couronnée d’un plein succès : Guéria fut pris, la flotte d’Angria détruite, et les prises, montant à dix lakhs, réparties entre les Anglais à l’exclusion des Mahrattes[1], quoique ce fût à eux et non aux Anglais que Angria s’était rendu. Cette expédition étant terminée, Clive et Watson retournèrent à la côte de Coromandel, le premier pour prendre le commandement du fort Saint-David, l’autre pour rentrer à Madras. Il y arriva le 16 mai, et se concerta aussitôt avec le gouverneur Pigott[2], dans le dessein de remplacer l’influence des Français par celle des Anglais dans le Décan et l’expulsion de de Bussy par Salabut-Jung semblait devoir concourir à leurs projets. Mais deux mois après, on reçut la nouvelle de la prise de Kassimbazar, et trois semaines plus tard, celle de Calcutta par le nabab Nazim du Bengale. Clive fut immédiatement appelé du fort Saint-David pour prendre part aux délibérations sur les moyens de rentrer en possession de cet établissement anglais. En présence d’une telle calamité, il semblait urgent d’abandonner les projets d’expédition dans le Décan, et même de laisser Madras se suffire, afin de concentrer toutes les ressources de la présidence à la reprise de Calcutta et à la punition du nabab Nazim. Après quelques discussions, Clive fut chargé du commandement, avec des pouvoirs illimités. Il partit le 18 octobre avec neuf cents Européens et quinze cents Gipayes pour cette entreprise, dont nous devons nous occuper un peu, à cause de sa connexité avec Chandernagor.

Les Anglais n’étaient pas restés inactifs dans le Carnate. Leur protégé, le nabab, manquant taujours de fonds, était par conséquent incapable de satisfaire aux réclamations qui lui étaient

  1. Avant que l’expédition quittât Bombay, les Anglais avaient résolu entre eux que les Mahrattes seraient exclus du partage du butin ; et, qui plus est, quoiqu’il eût été préalablement arrêté que Guéria serait abandonné aux Mahrattes, les Anglais se déterminèrent à le garder. Ce n’était sans doute pas prendre le moyen le plus efficace d’obtenir une sincère coopération contre le soubab. — Grant Duff.
  2. Le gouverneur Pigott succéda au gouverneur Saunders à Madras, en 1755.