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EMBARRAS DE CLIVE

l’ennemi. Les Hollandais avaient refusé net, mais les Français, plus courtois, avaient offert un refuge aux Anglais dans les murs de Chanderoagor. Cette otfre, qui semble avoir été faite de bonne foi, offensa cependant les Anglais ; ils la déclinèrent avec dédain. Les Français ne leur en gardèrent pas rancune, et ne consentirent pas, malgré les menaces du nabab, à le seconder dans ses opérations contre les Anglais ; ils refusèrent avec fermeté de lui donner aucune aide, et cela, quoiqu’ils sussent bien qu’une fois les Anglais anéantis, le prince indien tournerait inévitablement ses armes contre les établissements français. Il est à remarquer qu’en réalité, après la capture de Calcutta et la fuite dans Fulta des Anglais qui avaient survécu, le nabab, reconnaissant la perte de revenu que leur expulsion lui faisait éprouver, parut abandonner toute intention hostile à l’égard des autres établissements européens de l’Oûgli. Il se contenta de punir la désaffection qui s’était manifestée dans quelques autres parties de son gouvernement, et paraissant oublier ses ennemis européens, s’endormit dans une trop confiante sécurité.

Tel était l’état du Bengale, lorsque la flotte et l’armée que commandaient Watson et Clive quittèrent Fulta, où elles étaient successivement arrivées du 2 août au 20 novembre. Elles en partirent le 27 décembre, dans le but d’aller reprendre Calcutta. Mais les instructions des deux officiers leur laissaient entrevoir la possibilité de quelque chose de mieux à faire que la simple reprise de cette ville. Ils devaient, s’ils le jugeaient nécessaire, attaquer le nabab jusque dans sa propre capitale, et il leur était recommandé, si la déclaration de guerre leur parvenait pendant qu’ils disposaient d’un armement aussi considérable dans le Bengale, d’en faire usage pour détruire l’établissement de Chandernagor[1].

La reddition de Calcutta, le 2 janvier 1757, la capture et le sac d’Oùgli, huit jours plus tard, sont des événements qui rentrent dans l’histoire des établissements anglais : nous nous bornons donc à en faire une simple mention. Ce fut pendant sa marche de Cal-

  1. Tous les détails relatifs à la chute de Chandernagor sont puisés dans les Histoires de Orme, Broome, le Journal du docteur Ives, le rapport officiel de M. Renault et les extraits de documents officiels communiqués à l’auteur par M. Derussat, chef actuel des établissements français dans le Bengale.