Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/416

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
396
CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

un corps de Français à sa solde. Le régent de Mysore, au contraire, avait envoyé toutes ses forces disponibles devant Trichinopoly, qu’il avait juré de détruire. Il importait peu au soubab que les Myèoriens fassent aussi alliés aux Français, puisque de Bussy était engagé à le seconder dans toutes ses entreprises. L’occasion était trop tentante pour être négligée. Peu de jours après l’entrevue que nous avons rapportée, le soubab fit part de ses projets à l’officier français, ajoutant qu’il réclamait sa coopération.

De Bussy sentit toute la difficulté de sa situation : marcher contre les Mysoriens, c’était rompre l’alliance existante, et augmenter considérablement l’influence des Anglais en poussant dans leurs bras les Mysoriens ; refuser de marcher, c’était réduire à néant celle des Français à Hydérabad, en donnant au soubab un motif d’appeler les Anglais à son aide. Mais dans cette conjoncture, le tact et l’habileté qui distinguaient de Bussy ne lui firent pas défaut. Il parut entrer de tout cœur dans les plans du soubab, et écrivit en même temps au régent de Mysore pour l’avertir du danger et lui conseiller de le conjurer en satisfaisant aux réclamations de Salabut-Jung. L’armée se mit toutefois en marche, et de Bussy, à la tête de ses cinq cents hommes, en était le véritable commandant.

Deo-Raj, frère du régent Nunderaj, qui commandait les Mysoriens devant Trichinopoly, aurait volontiers payé le tribut ; mais son trésor était vide, et il ne pouvait même promettre une prochaine satisfaction. Comptant sur la lenteur probable des mouvements de l’armée mogole, il envoya un exprès à son frère, le priant de prendre l’ennemi en flanc pendant qu’il marcherait sur Seringapatam. Cette manœuvre fut rendue impossible par la célérité des mouvements de Bussy. Son nom seul frappa de terreur les soldats de Mysore, et leur fit regarder toute opposition comme parfaitement inutile. Le seul fort qui ne lui ouvrit pas ses portes fut pris d’assaut. Entre cette place et Seringapatam, distante de cinquante-quatre milles, rien ne s’opposa à sa marche ; il fit rapidement ce trajet, et paraissant le troisième jour devant cette ville, la somma de se rendre. Il est digne de remarque que, pendant cette marche, toute rapide qu’elle fût, il sauvegarda soigneusement les