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BUSSY RECONQUIERT LES CIRCARS

profondément ébranlés, et outre ce fâcheux résultat, les ofliciers qu’il avait établis dans les provinces cédées, avaient saisi l’occasion d’essayer de secouer le joug de la France et de se déclarer indépendants. Au lieu donc d’opérer contre les principaux établissements anglais et de les anéantir, soit dans le Bengale, soit à Madras, de Bussy fut contraint, par les conséquences de sa brusque destitution, de renoncer à profiter du moment opportun pour concentrer tous ses efforts à rétablir le pouvoir français dans les provinces cédées à Pondichéry. Il est impossible de mesurer quels droits à la reconnaissance des Anglais Nawaz-Khan s’acquit par sa trahison, même avortée. Du 26 août au 16 novembre, de Bussy demeura à Hydérabad, se mêlant le moins possible des affaires du soubab, mais prenant toutes les précautions que lui suggérait sa sagesse pour prévenir le retour possible de dangers comme ceux auxquels il venait de se soustraire. Il partit à cette dernière date, dans le but de rétablir son autorité dans les provinces. Il prit avec lui cinq cents Européens et quatre mille Cipayes, laissant au soubab deux cents Européens et cinq cents Cipayes, sous les ordres d’un officier sûr, pour l’accompagner à Aurungabad.

Nous ne suivrons pas de Bussy dans cette expédition, qui avait pour but de récompenser ceux qui lui étaient restés fidèles à l’heure difficile, et de punir les chefs qui s’étaient révoltés ou avaient montré de la désaffection. Il ne rencontra aucune résistance sérieuse, si ce n’est à Bobeli, dont le rajah avait eu une querelle personnelle avec l’un des vassaux fidèles à de Bussy. La défense fut si déterminée que les habitants tuèrent leurs femmes et leurs enfants, puis se jetèrent sur les baïonnettes françaises plutôt que de se rendre. Arrivé dans ces districts, il avait, par ordre de Leyrit, envoyé Law, avec soixante et un hommes, pour renforcer les garnisons de Chandernagor et de Kassimbazar. Il avait fintention de s’y rendre lui-même dès que la pacification serait accomplie ; mais ce résultat ne fut atteint qu’au mois d’avril, et il se disposait à partir quand il reçut la fatale nouvelle de la reddition de Chandernagor}[1]. Jugeant

  1. Il est évident que, sans ces trois mois de campagne, les événements que nous avons rapportés et leurs conséquences dans les provinces cédées, Bussy aurait marché sur le Bengale à temps pour prévenir la prise de Chandernagor par les Anglais. La grande lutte se serait alors livrée dans le Bengale.