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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

qu’il était désormais trop tard pour rien tenter utilement de ce côté, il résolut d’aller attaquer la forteresse anglaise de Vizagapatam, et, le 25 juin, la garnison se rendait à discrétion. Les factoreries de Madapollam, Bunderbalanka et Ingeram, situées sur les trois bras du Godavéry, près de son embouchure, se soumirent également à ses détachements. Pendant qu’il était ainsi occupé, les intrigues de Shah-Nawaz-Khan mirent encore une fois le Décan à deux doigts d’une révolution. De Bussy reçut avis de l’état des choses vers la fin de l’année, au moment où il venait de compléter la pacification, et il dut, sans délai, partir pour Aurungabad. Avant de l’y suivre, nous donnerons un aperçu des événements qui l’appelaient ainsi loin de son poste.

On se souvient que le précédent dewan, Syud-Lushkur-Khan, avait cherché à inspirer au soubab des soupçons sur de Bussy, et qu’il lui avait fait emprisonner ses deux frères, dans la pensée que l’officier français, intercédant pour eux, donnerait un corps à ses soupçons. La conduite de Bussy mit à néant ces projets malveillants. La détention des princes ne se prolongea pas après la chute de Syud-Lushkur, car le soubab, complètement rassuré par de Bussy, et se conformant à ses avis, leur rendit la liberté, et leur assura un apanage honorable, mais sans aucun pouvoir administratif. Telle était encore leur situation en 1756, lors de la destitution de Bussy. À cette époque, Shah-Nawaz-Khan, qui connaissait le caractère faible de Salabut-Jung, craignant qu’il rappelât les Français et espérant tirer meilleur parti de son frère Nizam-Ali, qui paraissait plus déterminé, persuada au soubab de lui conférer le gouvernement de Bérar, et à Bussalut-Jung, le troisième, celui de la province d’Adoni. Il présumait que la possession d’un certain pouvoir leur inspirerait le désir d’en posséder un plus grand.

Le succès obtenu par de Bussy à Hydérabad retarda l’exécution des plans de Shah-Nawaz-Khan, mais comme, après son rétablissement, il n’intervint en rien dans les affaires de Salabut-Jung avec ses frères, Shah-Nawaz-Khan se prévalut de sa nouvelle absence pour les reprendre. Au mois de mai, tout semblait mùr pour un mouvement. Il prit occasion de la mort de son prédécesseur Syud-Lushkur pour sommer de se rendre la forteresse de Dowlutabad,