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PORTRAIT DE LALLY

le feu terrible de l’artillerie, décida de Ja journée. Ce qui est certain, c’est qu’en récompense de sa conduite, Louis XV le nomma, sur le champ de bataille, colonel du régiment de Dillon, et qu’il fut complimenté par le maréchal de Saxe en personne. Dès ce moment sa réputation était fondée. Après Fontenoy, il passa en Angleterre, et y seconda de tous ses moyens la cause de Charles-Édouard ; mais, après avoir combattu à Falkirk, dans l’état-major du Prince, il fut envoyé dans le Sud, et bientôt contraint de rentrer en France par le désespoir et les dénonciations qui suivirent Culloden. Il rejoignit l’armée des Pays-Bas, fut présent à Lawfeldt et à Berg-op-Zoora, où il fut fait prisonnier. Il recouvra bientôt la liberté, et le grade de major-général fut le prix de ses services dans cette campagne.

Le traité d’Aix-la-Chapelle rendit la paix à l’Europe, et condamna Lally à une inaction momentanée. Il était déjà regardé comme appelé à de brillantes destinées, et comme devant incontestablement réussir là où le succès était seulement possible. Voltaire, qui rapporte cette opinion de son temps, ajoute qu’ayant, d’après le désir du ministre, travaillé avec Lally pendant près d’un mois, il avait trouvé en lui une inébranlable fermeté d’âme jointe à une grande douceur de mœurs. Il est hors de doute qu’à cette époque il jouissait d’une très-grande réputation, que son influence auprès du ministre était sans limites dans les questions militaires, et que le Gouvernement avait recours à son initiative pour fixer la marche qu’on devrait adopter dans le cas où la guerre se renouvellerait.

Lorsque, sept ans après la conclusion du traité d’Aix-la-Chapelle, de grandes complications se produisirent entre la France et l’Angleterre ; lorsque, en représailles de l’agression française au Canada, les Anglais capturèrent deux bâtiments français à Terre-Neuve et refusèrent opiniâtrement de les rendre, la guerre parut inévitable au ministre français, et Lally fut appelé à donner son opinion. L’avis qu’il émit est digne d’être cité. « Il y a, dit-il, trois voies ouvertes devant nous : la première est d’équiper une flotte et une armée, de prendre à bord Charles-Édouard, et de faire une descente en Angleterre ; la seconde, de chasser les Anglais du Canada, et la troisième de les expulser de l’Inde ; mais quel que