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AUXILIAIRES DE LALLY

jamais devant la responsabilité, était rapide dans l’action, soldat audacieux etprofondément convaincu que, dans les guerres d’Orient, le succès appartient à qui frappe vite et de toute sa force. Il avait une juste idée du point où tous ses coups devaient tendre, c’est-à-dire l’expulsion des Anglais de Coromandel. Il aurait été pour Pondichéry un commandant sans égal, si, à ses qualités, il avait joint la moindre expérience de la politique indienne. Mais cet avantage lui faisait complètement défaut, et comme, de plus, il professait un suprême dédain pour ceux qui le possédaient, il était destiné à tomber dans des erreurs qui devaient contre-balancer et même neutraliser ses brillantes qualités. Son second. Soupire, était tout l’opposé ; indolent, incapable, sans initiative, il gaspillait le temps que Lally aurait mis à profit et laissait échapper les occasions qu’il aurait fallu saisir avidement. D’Aché était encore moins capable. Il est probable que les forces navales qui accompagnaient Lally auraient obtenu un succès temporaire si elles eussent été commandées par un Suffren. Cet amiral sut, quelques vingt-cinq ans plus tard, acquérir sur les mers une supériorité qui, en 1758, eût donné à Lally la faculté de mener à bonne fin ses desseins sur la terre ferme. Mais d’Aché était le plus mou, le plus faible, le plus énervé des hommes ; c’était le dernier officier auquel on dût confier le commandement d’une flotte, et de tous le moins apte à être le collègue de Lally.

Le chevalier de Soupire ayant mis à la voile avec environ mille hommes du régiment de Lorraine, cinquante artilleurs et deux millions de livres, le 30 décembre 1756, mouilla devant Pondichéry le 9 septembre de Tannée suivante. Il arriva à un moment qui aurait pu être décisif, s’il avait été un homme d’action : c’était lorsque les Anglais s’étaient retirés de presque toutes leurs conquêtes dans l’Inde méridionale, Trichinopoly, Arcate, Chingleput et Conjeveram seules exceptées ; que Madras n’était pas encore fortifié ; que le fort Saint-David, presque tombé en ruines, n’avait pour garnison que soixante invalides ; que Saubinet, sans opposition de la part des Anglais et s’inquiétant peu des recrues indisciplinées de Mahomed-Ali, reprenait les places perdues par ses prédécesseurs. C’était juste le moment qu’un Dupleix, un La Bour-