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LALLY ARRIVE À PONDICHÉRY

C’était un étrange accueil pour le nouveau commandant en chef, et il parut en avoir reçu une fâcheuse impression quant à l’hostilité qu’il pourrait rencontrer parmi les autorités.

Lally arrivait muni des pouvoirs les plus étendus. Il était nommé commandant en chef et commissaire du roi pour toutes les possessions françaises en Orient. Il devait commander aussi bien aux habitants de Pondichéry et des autres établissements français qu’aux officiers et clercs de la Compagnie, « comme aussi aux gouverneurs, commandants, officiers de forces de terre et de mer de la Compagnie, qui sont maintenant ou qui pourront être par la suite, présider tous les Conseils aussi bien supérieurs que provinciaux, soit ceux qui existent ou pourront exister, sans faire cependant aucune innovation dans l’ordre établi pour recueillir les votes. » Il était enjoint à tous les gouverneurs, conseillers, commandants, officiers, soldats, forces de terre et de mer, à tous les employés de la Compagnie et à tous les habitants des établissements français de reconnaître Lally comme commissaire du Roi et commandant en chef, « de lui obéir dans tout ce qu’il pourrait commander sans aucune contravention quelconque[1]. » On voit qu’en un sens, Lally était placé au-dessus de Leyrit, et cependant celui-ci conservait le rang et la position de Gouverneur. Cette position, combinée avec son influence locale et la restriction relative aux votes, lui donnait, ainsi que Lally eut lieu bientôt de le découvrir, un pouvoir très-considérable. Dès son départ de France, Lally était préparé à trouver les autres en défaut. Les Directeurs lui avaient remis un mémorandum dans lequel les principaux officiers de la côte de Coromandel, Bussy seul excepté, étaient peints sous les couleurs les plus désavantageuses. Mais ce n’était pas tout : les Directeurs, aussi bien que les ministres de la couronne, lui avaient affirmé que la corruption régnait à Pondichéry, et qu’ils comptaient sur lui pour la réprimer. Il avait été informé que le fermage des terres, la fourniture du bétail pour le transport de l’artillerie, l’approvisionnement des Cipayes, l’achat et la vente des marchandises renfermées dans les magasins de la Compagnie et, ce qui était le plus impor-

  1. Cet ordre est daté du 31 octobre 1756, signé de Louis XV, et contre-signé du ministre Machault.