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DERNIÈRE LUTTE

tant, les traités avec les princes indigènes étaient des matières sur lesquelles il devait se livrer aux plus sévères et aux plus minutieuses investigations, parce qu’elles étaient regardées comme une source de fortune pour les employés qui y participaient, au grand détriment des actionnaires de la Compagnie. Son attention avait été appelée sur ces points avec une telle insistance pendant qu’il était à Paris ; les preuves qui lui avaient été fournies paraissaient si incontestables, que Lally quitta la France avec la consciencieuse persuasion qu’il était envoyé pour détruire un repaire de voleurs et d’escrocs. Il avait, pensait-il, pour double mission de démasquer les voleurs et de jeter les Anglais à la mer.

Il débarqua donc, comme nous l’avons dit, le 28 avril, accompagné de quelques officiers. Il s’occupa aussitôt de se bien renseigner sur l’état de Madras et du fort Saint-David, sur les fortifications de Cuddalore et sur le nombre des forces anglaises sur la côte de Coromandel. À sa grande surprise, Leyrit ne put répondre d’une manière précise à aucune de ces questions ; il ne put pas davantage lui donner de renseignements positifs sur la route de Cuddalore et sur le nombre de rivières qu’il fallait traverser ; tout ce qu’il put faire, ce fut d’offrir des guides. Lally, impatient d’agir, ne se laissa pas décourager par cette ignorance et cette apparente indifférence ; il entreprit aussitôt la politique qui, selon lui, aurait dû être suivie huit mois plus tôt ; dès le même soir, il fit partir pour Cuddalore un détachement de sept cent cinquante Européens, avec quelques Cipayes, sous le commandement du comte d’Estaing, et le lendemain il prit lui-même cette direction. Pendant le trajet, il eut la mortification d’apprendre un des premiers résultats de la lenteur et de l’incapacité de son collègue, le commandant maritime. Le commodore Stevens, qui était parti d’Angleterre trois mois après que d’Aché eut quitté la France, avait, en suivant une route directe, gagné Madras cinq semaines avant que d’Aché arrivât à Pondichéry. Il s’était réuni là à l’amiral Pocock, qui était revenu du Bengale le 24 février : les deux escadres étaient parties de Madras le 17 avril pour intercepter la flotte française, et l’avaient rencontrée devant Négapatam, le 28 avril à midi.