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DERNIÈRE LUTTE

pour les suivre. Au bruit du canon, le Comte-de-Provence et la Diligente[1] étaient partis de Pondichéry pour aller au secours des Français ; ce fut vers eux que d’Aché se dirigea, espérant qu’avec cette aide il pourrait renouveler le combat. Mais, malgré leur mauvais tir, les Français avaient causé un tel dommage à la mâture des vaisseaux anglais, que l’amiral Pocock, nonobstant son ardent désir de compléter sa victoire, dut renoncer à la poursuivre et amener le pavillon, signal du combat. En conséquence, l’escadre française, à l’exception du Bien-Aimé, qui, par suite de la rupture de son câble, avait été jeté à la côte, entra dans la rade d’Alumparva, et atteignit Pondicbéry cinq ou six jours après. L’amiral anglais rentra à Madras pour y réparer ses avaries.

Telles étaient les nouvelles que reçut Lally le 29 avril, tandis qu’il était en marche pour rejoindre le comte d’Estaing, parti de la veille pour Cuddalore. Sans se laisser intimider par cette défaite maritime, il résolut d’y remédier autant que possible par la célérité de ses mouvements sur terre. Après avoir été égaré par ses guide, le détachement de d’Estaing arriva cependant le 29 devant Cuddalore : il fut rejoint le lendemain par une partie du régiment de Lally et quelques forts canons ; le Ier mai, Lally lui-même parut devant la place, et la somma de se rendre.

La négligence et l’indiflérence avaient tellement envahi le gouvernement de Pondichéry, depuis le départ de Dupleix, que, quoiqu’on sût depuis plus d’un an que la France et l’Angleterre étaient en guerre, et que la question d’attaquer Cuddalore et le fort Saint-David eût été agitée par Leyrit et ses collègues, pas un d’eux n’avait pris la peine d’étudier la situation militaire de ces places et de s’assurer des préparatifs qui avaient pu être faits pour leur défense. Cette coupable indifférence des autorités franco-indiennes venait à l’appui de la fâcheuse opinion que les Directeurs avaient communiquée à Lally, et le mettait dans la nécessité de tout apprendre par ses propres officiers. Le comte d’Estaing, qui arriva le premier devant Cuddalore, reconnut qu’elle était fortifiée de trois côtés ; mais il ne savait pas, et personne ne pouvait lui dire, quoique les

  1. Le Comte-de-Provence portait soixante-quatorze canons, et la Diligente vingt-quatre.